Un film sur sujet en voie de disparition: la Nuance. & sur "La Non-épuration en France" après guerre

(29/11/2020: Juste quelques remarques et digressions...je viens de le voir, de le finir; je ne spoile pas sauf la toute première scène; pas de résumé non plus).

nuance (n.f.). 1. état intermédiaire par lequel peut passer une personne, un sentiment, une chose. Degré de quelque chose. Nuances musicales. 2. différence légère, peu sensible, subtile entre des choses de même nature. Discours tout en nuances.

Très bon film étonnant et parfois très gênant.
Comme quand on soulève une pierre dans son jardin...c'est intéressant mais ça peut parfois grouiller.
Merci OCS.
Il a peut-être juste un peu manqué de moyens financiers. Mais c'est déjà bien qu'il fût financé: je ne crois pas qu'il serait produit de nos jours.
Il optimise bien tous les lieux de tournage (notamment Marseille).

_____Je l'ai commencé sans rien en savoir et il m'a embarqué, séduit, intrigué.
Le début est très très étonnant, je participe à la liste SC des meilleures ouvertures de films et il rentre d'emblée:

...deux résistants viennent d'atterrir en parachute en montagne...
mais plus tard, étrangement, je les vois éviter les FFI!
puis ils se cachent aussi de G.I. ...de convois de soldats américains?
Puis, celui des deux qui est blessé (et bossu...) se suicide!
Et ce n'est que le début du film.

_____Puis j'ai enfin compris le sujet du film quand on croise enfin Valérie Kaprisky (quasi géniale): l'Occupation et l'épuration en France.
Et me suis alors rappelé un peu de la biographie de José Giovanni car, par coincidence, j'avais revu il y a quelques jours le bon doc "Lino Ventura : La Part intime" de Philippe Kohly où on voit Lino recevoir une lettre anonyme au sujet du passé de son ami.
(Ami dont je conseille le merveilleux "Les Aventuriers" (il l'a écrit) où je découvrais que Lino n'est pas que bon avec les bébés (il a été représentant en layettes), il est aussi naturel et sans filtre d'acteur avec l' enfant dans la belle scène de visite du musée).

Pendant le début de Mon Ami Le Traître qui m'a tant fasciné, j'avais oublié que le doc sur Lino se finissait sur cette lettre anonyme qu'il reçoit et l'informe au sujet du vrai passé de son ami José Giovanni, qu'il fait venir pour lui dire et surtout pour déchirer la lettre devant lui afin de sceller leur amitié et "prouver qu'il-croit-en -la-2nde chance,-le-changement" etc.
Mais si le doc détaille beaucoup le contenu de la lettre et les erreurs de Giovanni

quand il a "déconné"... (sic)
Et détaille les conséquences de ses actions...il était resté très très vague, voire mensonger, sur les propres (rares) défauts de mon Ventura...quant aussi à sa vie passée mais personnelle (où il aurait "déconné"). Le doc disait qu'"il-se-marrie-en -1942, la femme-de-sa-vie" pour toujours...
Il est vrai qu'il est très très heureux sur les photos de mariage en ...1942 mais j'ai ensuite entendu une autre version quant à sa dernière période conjugale.
Rien de tout ça ne me dérange sauf si on est pas uniforme, cohérent et traite tout le monde pareil dans un documentaire.
Soit les auteurs du doc ne "balancent" pas sur aucun des deux,
soit ils sont indiscrets, "courageux" et généreux en détails mais avec les deux parties, les deux côtés.

Ce que le film dont je devrais parler plus, fait lui, très bien: il "balance" sur tout le monde.

"Comme quoi il ne faut pas idéaliser les gens, mais les prendre comme ils sont." (dit 270345 de SC)

_____J'ai reconnu un des acteurs jouant une des "ordures", spécialiste du tisonnier: c'est l'acteur qui joue l'Huissier de Justice qui fait "confiance à la Police Française" dans 'Dupont Lajoie' d'Yves Boisset.
Excellent Michel Peyrelon, très bon en regards de Tartuffe..

Je découvre à cette occasion que Thierry Frémont n'aurait pas de sondage, sans doute des listes dont désormais la mienne: il a vraiment joué des personnages durs à défendre parfois et très variés.

(à suivre)

_____Il me rappelle aussi un doc que j'ai ajouté sur SC: 'De Gaulle, l'homme à abattre' où je découvrais l'Historienne Annie Lacroix-Riz et justement son livre au titre parfait pour le film de José Giovianni "La Non-épuration en France: De 1943 aux années 1950" dont le résumé est:

"Dès 1943 et jusque dans les années 1950, les élites impliquées dans la Collaboration ont cherché à se "recycler". Y a-t-il vraiment eu, en France, une politique d'épuration?
(...) elle démontre que l'épuration criminalisée ayant suivi la Libération (femmes tondues, cours martiales, exécutions) a cherché à camoufler la non-épuration, aussi bien de la part des ministères de l'Intérieur et de la Justice que de celle des milieux financiers, de la magistrature, des journalistes, des hommes politiques, voire de l'Eglise.
De nombreux anciens collaborateurs ont ainsi bénéficié de "grands protecteurs". Le poids des Etats-Unis a également participé de cette non-épuration.
Annie Lacroix-Riz nous livre sa version des faits basée sur les archives et prend le contrepied des ouvrages d'histoire de l'épuration parus ces vingt dernières années, selon elle aussi unanimes que fantaisistes, se concentrant exclusivement sur l'épuration (dite) sauvage, systématiquement confondue avec celle de la Résistance armée".

Son livre d'Historienne est de 2019, le bon film de l'autodidacte José Giovanni sur le même sujet est de 1988. Aimons nos artistes.