Mon frère s'appelle Robert et c'est un idiot par Ygor Parizel

Film sorti dans l'anonymat le plus complet en 2018 et l'on comprend très vite pourquoi ! Ce long-métrage de l'illustre inconnu Philip Gröning n'a rien pour lui pour connaître une sortie dans de nombreuses salles, il dure trois heures, est de style semi-contemplatif, en langue allemande et possède un sujet à la fois rebutant pour les distributeurs et assez sulfureux et élitiste. Par contre pour les cinéphiles avides d'expérience cinématographique peu commune, c'est intéressant, Robert et Elena jumeaux passent ensemble à réviser leur dernier week-end avec que Elena passe le bac de philosophie, ils vont étudier dans un champ face à une station de service. Comme cela le pitch n'a l'air de rien mais lorsqu'on sait que les deux jumeaux vivent une relation tellement fusionnelle qu'elle en devient incestueuse cela donne une autre approche à cette histoire, pendant toute la durée, les deux personnages se touchent, s'embrassent parfois, se frappent et philosophent à propos de la thématique du Temps, citant Heidegger ou analysant Saint-Augustin (pas de soucis, elle a nettement le niveau pour le bac de philo !) jusqu'à une dernière demi-heure ou leurs caractères antisociaux se révèleront sociopathes. La mise en scène n'est pas complètement dans la contemplation mais la caméra s'attarde souvent longuement sur les acteurs, dans des gros-plans sur des insectes, sur des brins d'herbes, ... mais sait se faire aussi plus décalée notamment dans les nombreuses scènes dans la station de service, la photo est très lumineuse et contrastée dans les moments nocturnes. Une curiosité, une vraie expérience qui peut déranger voir carrément dégoûter mais aussi fasciner à la façon de Pasolini ou Mundruczo.