Personne est parfait
Un Pistolero arrive à son crépuscule et croise l’ange gardien qui va le guider de l’autre côté. Henry Fonda pour faire le lien entre John Ford et Sergio Leone, comme pour opposer le western...
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le 9 mars 2015
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Le film de Torino Valerii, sorti en 1973, est pour moi un chef d'œuvre du genre, idéal pour initier les plus jeunes au western spaghetti (les enfants raffolant de ces pâtes longilignes).
Les thèmes en présence sont ceux du regard, du miroir et de son reflet, de la symétrie. Même le nom du héros interprété par Henry Fonda, Jack Beauregard, renvoie à l'analogie entre les deux protagonistes possédants les mêmes yeux bleus perçants. On assiste alors à un jeu de symétrie permanent et les plans en champ-contrechamp sont légion entre les deux personnages principaux.
De nombreuses scènes viennent agrémenter cette thèse du début à la fin du film :
1) Au début du film, Henry Fonda se sert du miroir pour se sortir du get apens tendu chez le barbier.
2) Dans le saloon, la scene burlesque des verres de whisky est rendue possible grâce au miroir au dessus du comptoir. Les verres du plus grand au plus petit pourraient servir de métaphore, comme des poupées russes symbolisant les différents degrés sous lesquels nous pouvons regarder ce film, du premier au nième...
3) Personne (Terrence Hill ici) ne cesse de se regarder dans son miroir de poche, et comme il l'avouera plus tard à Beauregard il aime ce qui brille et se faire remarquer, signe qu'il aspire à devenir quelqu'un.
4) Dans la fête foraine, Personne se retrouve dans une salle aux multiples miroirs pour mieux tromper ses ennemis mais 10 fois personne, bah ça fait toujours personne (d'ailleurs aucun de ses assaillants ne parviendra à l'atteindre).
5) Enfin, la scène du duel au cours duquel nous est proposé le regard du photographe qui se matérialise par un miroir inversé prémice d'un retournement de situation imminent.
En effet à la suite de cette scène, Personne va devenir quelqu'un, son nom étant placardisé à la vue de tous, son image est immortalisée par le photographe et il est pris en chasse par la horde sauvage (référence explicite à un grand classique sorti en salles 4 ans plus tôt). A contrario Jack Beauregard va devenir Personne, se faisant passer pour mort.
-Alors que signifie le symbole sans cesse répété du miroir me demanderez-vous? On peut y voir une mise en abîme du genre parodique, étant lui même un regard original sur le genre ou l'œuvre parodiée, comme vus à travers un miroir déformant. Ou encore une métaphore du réalisateur face à l'acteur séparés par le miroir de la caméra sans qu'on ne voie jamais le metteur en scène (qui serait donc ici Personne).
-Le film s'achève symétriquement par rapport à son début, Personne (devenu quelqu'un) remplace Beauregard chez le barbier comme pour commencer son voyage initiatique vers le statut de légende et Beauregard (devenu Personne) se retrouve entouré d'eau (sur le bateau) comme Terrence Hill la première fois qu'il apparaît à l'écran. La boucle est bouclée et on pourrait replier la bande du film sur elle même tant le tout est symétrique
-Ajoutez à cela la musique magique d'Enio Morricone et vous obtenez un chef d'œuvre pouvant être regardé (à travers le miroir de notre écran) sous plusieurs angles comme un prisme allant de lourdes blagues potaches à de judicieuses mises en abîme.
A voir donc absolument....
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Créée
le 23 août 2016
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