Mon voisin le tueur… Autant dire qu’avec un titre pareil, vaut mieux ne pas s’attendre à grand-chose pour éviter une éventuelle déception. Mais plutôt à une comédie qui ne se prend vraiment pas au sérieux, qui possède un budget conséquent pour se permettre d’avoir à son actif des grands noms du cinéma et de la télévision américains. Mais que ce soit son pitch, sa qualité discutable et sa fantaisie « fumée », le tout est pleinement assumé ! Cela en fait-il un divertissement de bonne facture pour autant ?

Voulez-vous que je m’attarde sur le scénario ? Parce qu’en lisant le synopsis, la couleur est annoncée directement sur le tas ! Soit un dentiste endetté et surmené par sa femme et sa belle-mère, qui désire recouvrer sa liberté, va voir sa vie bouleverser au contact de son nouveau voisin, un célèbre tueur qui se cache de son ancien employeur. Qui a dit « what’s the fuck » ? Pourtant, vous avez bien lu ! En même temps, il n’y a que les Américains pour proposer une comédie de cet acabit ! Et franchement, sur ce point, ils se montrent plutôt costauds pour livrer un divertissement agréable. Je m’explique : grâce à son histoire d’une grande débilité sur le papier, Mon voisin le tueur se permet d’enchaîner les situations rocambolesques à une vitesse folle, avec une générosité sans pareil ! Vous voulez des exemples ? Eh bien en voici (désolé pour certains spoilers) : la femme du dentiste qui voulait finalement tout faire pour fomenter son meurtre, l’assistante de ce dernier qui se révèle finalement être une tueuse en herbe, Frankie qui n’est autre qu’un allié de Tudeski, notre dentiste qui se retrouve pris entre son voisin et le mafieux pour qui il travaillait… Un véritable délire qui s’autorise les situations les plus farfelues qui puissent exister, sans jamais entrer dans le vulgaire ou bien dans le lourdingue.

Bien entendu, l’ensemble n’arrive pas à la cheville des grandes comédies hollywoodiennes. Car trop « fumé » tue la qualité (il n’y a qu’avec Very Bad Trip que ce constat marchera) ! Du coup, Mon voisin le tueur arrive plutôt à faire sourire qu’à faire mourir de rire. Et pour cause, les situations sont tellement improbables que la crédibilité en prend un sacré coup, gagnant souvent en débilité. D’ailleurs, le film ne compte essentiellement que sur ces moments et révélations délirants plutôt que sur des répliques cinglantes (qui manquent vraiment à l’appel ici). Néanmoins, Mon voisin le tueur peut compter sur des personnages hauts en couleur ! En passant par un dentiste dépressif et nerveux, un tueur psychopathe froid et plutôt sadique, une assistance pétillante qui se révèle être une tueuse amatrice, une femme tête à claque, une autre plutôt allumeuse, une armoire à glace aussi souriante que « frappante »… Un véritable festival d’hurluberlus en tout genre qui, à eux seuls, permettent de décrocher le moindre sourire du visage des spectateurs.

En même temps, quand on voit la composition du casting, on ne peut qu’apprécier encore plus ! Et pour cela, commençons par les deux principaux concernés par le titre, à savoir le dentiste et son voisin meurtrier. Le premier étant campé par un Matthew Perry (le Chandler Bing de la série Friends) assez déjanté. Le second par un Bruce Willis aussi à l’aise que dans la peau de John McClane. Il semble même se délecter à jouer les tueurs de sangs froids (remarque déjà évoqué pour son rôle dans Le Chacal). Et pour compléter cet agréable tableau, ce duo se retrouve bien entouré : une Amanda Peet délurée au possible, une Rosanna Arquette comme on n’a pas l’habitude de la voir (bien loin du Grand Bleu), une Natasha Henstridge (La Mutante) plutôt à l’aise, et un Michael Clarke Duncan (plus connu sous le nom de John Caffey) fort sympathique et ce malgré son rôle de garde du corps qu’il est préférable de ne pas embêter !

Après, d’un point de vue technique, Mon voisin le tueur n’a rien d’exceptionnel. En somme, une mise en scène sans originalité, un montage classique qui ne fournit pas d’énergie supplémentaire à l’ensemble, une BO qui ne sort pas de l’ordinaire… Là-dessus, l’équipe du film semble ne s’être pas trop foulée pour sortir cette comédie. Qui, du coup, semble ne jamais décoller et ce malgré les situations et les personnages. Pas étonnant que le film n’arrache que des sourires au lieu d’un florilège d’orgasmes zygomatiques.

Tout ce que l’on retiendra de ce Mon voisin le tueur n’est qu’une phrase sobre et révélatrice sur la nature du film : c’est con mais bon Dieu que c’est bon ! Sans doute pas aussi puissant qu’un The Mask ou consort, mais suffisamment divertissant pour permettre de passer à agréable moment. Et pour le genre de la comédie américaine (où le lourdingue est majoritairement roi), c’est plutôt rafraîchissant d’avoir un film sans prétention mais efficace comme il faut, plutôt qu’un blockbuster comique bling bling qui préfère en mettre plein la vue au lieu de faire rire.

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