Du random naîtra la subversion : or non
Mondo Cane est le pionnier du mondo, ces vrais faux documentaires où sont exposées les bizarreries de ce Monde, les aberrations et les folklores les plus insolites. Avant Cannibal Holocaust, Franco Prosperi et Gualterio Jacopetti présentent ainsi ce méli-mélo de curiosités et de scènes dérangeantes, prétendant par là accomplir la mission du journaliste. Alors, allons-nous au bout de l’investigation et du réalisme ?
Effectivement, Mondo Cane montre des choses inhabituelles, des estropiés, des poissons méchants, des malades, des indigènes, des activités équivoques sur la plage… et ? Et alors ? Les chiens pissent sur des tombes, ça fait une philosophie. Et voilà les canards qu’on remplie pour faire du foie gras : dieu que notre monde est saugrenu, sinistre et terrifiant. Malheur, comme tout est cynique !
Tout ça est terriblement soporifique, laid et idiot. On avance dans un catalogue approximatif, rien n’a jamais de sens ni de consistance, rien ne surprend jamais à moins de méconnaître les "excentricités" présumées de ce monde (mœurs violentes des tribus africaines). C’est probablement ça : il faut être inculte ou puceau pour s’extasier de ce Mondo Cane, en être choqué ou surpris.
Jacopetti et Prosperi se montrent d’une grande complaisance avec des images malsaines, sous prétexte d’authenticité. Le contenu érotique et trash dérange en un sens mais pas celui que ses auteurs fantasment ; en effet la beauferie du geste est lamentable. Passé un certain délai on est simplement consterné par le processus amenant à s’extasier de tant de laideur ou, somme toute, de banalité.
Car il opère sans rien représenter au fond ; sinon que le monde est parsemé de choses étranges et contradictoires. S’il en faut si peu pour décider qu’il s’agit d’un « monde de chien » (traduction littérale du titre), c’est que les auteurs de Mondo Cane sont décidément bien pauvres d’esprits, ou comptent sur un faible public.
Ce film ne raconte rien, parce qu’il n’a rien à dire. Il est d’une médiocrité sans fin. On le regarde avec pitié.
http://zogarok.wordpress.com/2014/12/11/mondo-cane/