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Monika et le désir, en prononçant la fin du corps commun, annonce son contre-pied : une fresque où ne s'imprime jamais que le mouvement d'un désir alangui, mourant, gisant, mais non moins délectable, de la conscience de ses penchants. Se fussent-ils plus vivement relevés...


Ici, la caméra semble porter un regard clinique sur le corps de Monika, ce qui dans un premier temps appelle naturellement à y voir un appui dans la contemplation, en cela que la caméra constitue symboliquement la médiation première entre le spectateur et l'objet du spectacle - du désir en ce cas précis -.


Ensuite, de façon prosaïque, elle présente une étude anthropologique du Sexe, en ce qu'il serait soumis aux incoercibles tourmentes d'un désir irrassasiable, à l'assouvissement duquel, il lui faut user de toutes perfidies : dussent-elles rompre du lien complémentaire de la dialectique amoureuse (ce qui n'est pas sans rappeler Une femme mariée ou devrais-je dire La femme mariée de Jean-Luc Godard, où la femme lorsque décrite adultère, prête à son cadre les traits factices d'une représentation théâtrale et lorsque ancrée dans le cadre conjugal tente de s'en dérober d'ennui ; pour apaisant qu'il soit).


Il me vient une scène qui filant vers une autre, l'annonce, ce me semble, comme un contrepoint. Deux mélodies parallèles jouant leur idéal sur une cadence tantôt lascive : projectivement, tantôt lyrique : très tendrement.


Le cadre de Monika s'obscurcit pour vous y claustrer – vous spectateur -. Toute issue connaît sa condamnation du succubat qu'elle vous inflige. Saurait-elle aimer ce qui n'est point d'elle ?
Son regard effronté vous embourbe bientôt, de sorte que, ne vous affligeant plus du reste, vous y plongiez. Vous voilà démis de la contrefaçon à l'égard de laquelle vous ne songiez que spectaculairement. la tendance s'inverse ! Vous êtes transmué dans le jouet de ses désirs au regard impuissant de Harry, fût-il le père de l'infant, que vis a tergo, sa nature lui fit accoucher ! Vous êtes embarqué aux inendiguables flots de ses toquades, voyez comme elle se pavane ! Comme elle s'est fait belle ! Comme son aura vous enivre !...


Il se joue alors le contrepoint où on voit de braves travailleurs s'allant absorber non pas au reflet de leur image - la caméra les y eût-elle poussés par une franche approche - mais bien à celle du paysage se trouvant au dessus de cette dernière :


« Nous vivons dans une somptueuse ville ; c'est un immense plaisir que celui de la contempler. »


L'ouvrier remarque dans sa ville la production tangible de son labeur. Il la trouve belle de ce qu'elle y ressemble. Et elle le trouve grand de sa contribution.

Puerma
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le 23 janv. 2020

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Puerma

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