Les sports de force m'impressionnent depuis tout petit, rares à voir, j'ai toujours trouvé très impressionnant ces immenses personnages que le petit lapereau que je voyais à l'écran présentaient un modèle pour moi, bien loin des footballeurs, tennismen et autres judokas que l'on pouvait croiser dans mon petit village. Chaque jour je m'accrochais à la barre transversale des pieds du haut portique en fer du jardin, je faisais des tractions d'abord, puis des tractions la tête en bas en "cochon pendu", apparemment cela s'appellerait un "hanging sit-up" mais je m'en fichais bien, moi je trouvais juste ça cool.
J'étais un petit lapin asthmatique qui courait dans le jardin tout le jour durant, et rentrait juste dans la maison le soir venu pour m'intoxiquer des produits de ménage que ma mère utilisait pour nettoyer, persuadée que la mauvaise santé de ses enfants et d'elle-même s'arrangerait par plus de ménage. Pauvre maman lapin.
J'ai grandit, vieilli, et le monde ennuyeux et morne aura brisé l'enfant innocent et timide que j'étais, mais même si aujourd'hui je ressemble à un nain de jardin à grandes oreilles qui n'aurait plus vu le soleil depuis l'époque où les pantalons baggy étaient encore à la mode, je n'en reste pas moins toujours fasciné par ceux qui dédient leur vie à s'offrir un meilleur corps. D'autant que les sports de force sont les seuls qui fondamentalement n'opposent pas leur pratiquants, on est virtuellement son propre compétiteur.
Loin du narcissisme très présent dans ces sports, surtout chez les jeunes pratiquants, ceux et celles qui poussent loin adoptent un sport total imposant des connaissances dans bien des domaines, et imposant la rigueur et la droiture des sports intenses. Voilà un sport particulièrement ingrat pour les femmes impactées dans leur chair, un corps qui les marque jusqu'à leur faire perdre ces caractéristiques de féminité. Machoire carrée, musculature surdéveloppée, puissance inhabituelle, j'ai souvent entendu ce dilemme des femmes tiraillées entre leur amour pour un sport exigeant, extrême, imposant une rigueur intense, et une féminité qui leur intimerait de ne pas s'orienter sur cette voie et parfois vécue au second plan.
Et pourtant comment ne pas tomber sous le charme de cette femme, pleine de tendresse pour son mari, pleine de douceur et de sensibilité, cherchant à concilier la force, la beauté et la grâce, en couple fusionnel avec son mari, un ancien culturiste, et prête à tout pour se montrer à la hauteur de ses sincères espérances.
Jusqu'auboutiste et intimiste ( donc attention /!\ un film très Telerama friendly ) c'est un très joli personnage que l'on suis, en tout cas moi j'ai été très touché par le travail d'Eszter Csonka sur son personnage d'Edina réussissant à montrer la femme, et la sportive. C'est elle qui porte le film à bout de bras musclés et rassurants.