J’entends dire, ici ou là, que The Meaning of Life est le moins bon des longs métrages des Monty Python ; que sa structure mal ficelée accuse certains essoufflements et que ses sketches manquent de liant.
Pour peu qu’on y prête attention, on reconnaitra que The Life of Bryan et Holly Graal sont eux aussi une suite de scénettes dans un cadre temporel unique, certes, mais qui laissent libre cours aux fantaisies les plus débridées et diverses qui ont toujours été la force des Monty Python.
Après la question religieuse et historique, la troupe se tourne naturellement vers l’achèvement philosophique, et si l’évolution de la vie d’un individu peut sembler une trame éculée, l’essentiel est bien entendu ailleurs.
Car ce chant du cygne est surtout un hymne punk sans commune mesure. Outre la fantaisie Gilliamesque en ouverture qui a tout de la répétition générale de son imminent Brazil, les branquignolles s’acharnent à investir tous les sujets les plus outranciers et délicats. Du coït chez les catholiques, de l’éducation sexuelle en live ou du prélèvement d’organe à foie ouvert, de l’absurdité de la guerre ou les excès chez les riches, rien n’échappe à leur traitement, le tout sans économie de moyen : comédie musicale, variété des décors, on ne se refuse rien.
Entre Voltaire et Vian, Rabelais et Ionesco, l’ensemble est un feu d’artifice aux giclées enthousiastes de sperme, de vomi, de balles et de sang, parcours unique permettant de faire se succéder un peloton de footballeuses topless et le suicide collectif de feuilles d’arbres.
On croyait George Abitbol l’homme le plus classe du monde ; j’aurais nettement tendance à lui préférer la marmoréenne prestance de ces énergumènes au flegme impassible face aux relents putrides d’une humanité aussi grotesque que pathétique, hilarante que désespérante.
Prescription : une fois par an, à laisser fondre sous la langue entre les repas.
(8.5/10)