Moonraker surfe sur la mode récente du space opera, et même si le pari de mêler espionnage et science-fiction est plus ou moins réussi, cela a au moins le mérite de faire souffler un vent de fraîcheur et d'originalité sur la saga.


Ici, le budget explose littéralement et le grand spectacle est au rendez-vous, avec des décors grandioses, une station et des navettes spatiales qui rappellent 2001 (et n'ont rien de particulièrement kitsch, ne vous en déplaise). Par contre, c'est dommage que la "fusillade" dans l'espace soit autant nanardesque, avec ses effets et ses bruitages à la Star Wars, car pour le coup cela est vraiment déplacé et colle mal avec les autres scènes plus sérieuses se déroulant dans la station. Après, c'est sûr qu'il y a quelque chose de bizarre, voire d'involontairement comique, à voir un agent secret déambuler sur orbite...


Durant l'ensemble du film, le réalisme laisse à désirer en choisissant souvent la facilité, à l'image de cette introduction où James rattrape - on ne sait pas par quel moyen de propulsion - Requin en chute libre. Pareil pour la gondole qui se transforme soudain en engin sur-armé, dans le genre gadget inutile et ridicule on a rarement vu mieux (sans parler du gondolier qui, semble-t-il, est livré avec). Les réactions des personnages peuvent aussi surprendre, comme le revirement de Requin pour les beaux yeux d'une demoiselle. L'évolution du personnage est sympathique et on est content pour lui, n'empêche que l'on n'y croit pas trop.


Mais le gros problème de cet opus, c'est surtout son manque de personnalité, avec une réalisation presque quelconque et un accompagnement musical nettement moins inspiré que d'habitude. Pour le coup, cela change totalement l'atmosphère habituelle que l'on connaît. De plus, malgré les scènes d'action qui ne manquent pas et un héros qui voyage beaucoup (sauf qu'ici, trop de voyage tue le voyage), le tout manque bizarrement de punch.


Mis à part ses faux airs de Lauren Bacall et son charme certain, la nouvelle James Bond girl, Lois Chiles, n'est pas l'une des plus marquantes de la saga. Même chose concernant le méchant, campé par Michael Lonsdale. En fait, c'est surtout les interactions entre Requin et James Bond qui sont les plus mémorables.


Il est indéniable que ce onzième James Bond est très loin d'être le meilleur, mais il ne mérite pourtant pas toutes ces critiques négatives qui lui reprochent notamment un aspect kitsch et WTF (comme disent les jeunes). Certes, il y a un peu de ça, mais cela ne dénature pas tant que ça l'univers du héros et les codes de la saga. C'est un James Bond différent c'est sûr, mais c'est tout à fait regardable.

Libellool
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le 20 janv. 2015

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