Tout d’abord je tiens à ne pas m’excuser pour ce calembour désastreux, car, n’est-ce pas, « le calembour est l’esprit de ceux qui n’en ont pas » comme disait je-sais-plus-qui ; et de l’esprit je n’en ai point trop mais je m’en tamponne on n’est pas à l’Académie Française.


La mémé dans Moonraker c’est Roger Moore : la pauvre a bien du mal à courir et à rentrer le ventre en même temps, son maquillage coule sous l’implacable soleil sud-américain, comblant à peine les rides qui se creusent comme des tranchées un jour de contre-offensive à Verdun.
Bref, le temps ne fait rien à l’affaire, pour le tombeur de ces dames on craint plus la fracture de la hanche que la rupture du frenulum. Et je parle pas des vieux birbes du Mi6 (M, Q, Moneypenny) qui ont plus l’air de compter mentalement leurs points-retraite que de s’intéresser à l’intrigue du film.


Ah, l’intrigue. Venons-y. Moonraker inaugure (entre autres) une ère pernicieuse du cinéma qui a toujours cours : on imagine des péripéties (meurtre à la centrifugeuse, baston contre un ninja dans un musée du verre, baston sur téléphérique, baston contre un dangereux anaconda en caoutchouc, saut en deltaplane aux spectaculaires chutes d’Iguazu, baston au laser… beaucoup de bastons en tout cas) et on tricote autour de ça un vague canevas qui, par abus de langage, devient un « scénario ». (On pourra m’opposer qu’il y a pourtant des scènes à Rio, ce qui n’est pas un abus de langage mais un calembour encore une fois désastreux.)


La cerise sur le gâteux dans un Bond c’est le méchant. Là faut reconnaître que Lonsdale est à la hauteur : son charisme vénéneux et sa mégalomanie galopante (il se prend pour rien de moins qu’un un dieu qui va façonner une nouvelle humanité et régner depuis les cieux) en font un des antagonistes les plus mémorables de la série. À propos d’antagonistes Jaws lui aussi est à la hauteur (2,18 m précisément), c’est pas dur son jeu se limitant à sa présence physique.


Malheureusement ça ne sauvera pas cette triste pochade du naufrage : en plus de son scénario plus que faiblard et de tentatives d’humour franchement lourdingues, le métrage souffre d’invraisemblances impardonnables (même pour un Bond) : sérieusement le labo à Venise qui fabrique Le Poison Qui Va Rétamer l’Humanité Entière est protégé par un cadenas et un digicode ? Et Ce Poison (Qui Va, etc…) est stocké, euh… dans un grenier ? À 15 000 km de l’endroit d’où on l’extrait et d’où on va l’orbiter ?
Bon, et y a l’inénarrable gondole sur coussins d’air, les images accélérées pour faire croire que ça va vite (pitié on n’est pas Benny Hill), et toute la kyrielle d’absurdités spatio-physiques habituelles que même moi je peux être conseiller scientifique.


Bref, 4. Ça vaut pas plus.

Moulynette
4
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le 22 avr. 2016

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Moulynette

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