Trouvé maniériste et prétentieux par certains, Morning est pourtant un film intéressant.
Le premier long-métrage de l'acteur Leland Orser suit la crise d'un couple qui vient de perdre un enfant. Il offre ici une tragédie belle et effrayante. Le père, interprété par le réalisateur, vit son deuil dans la torpeur. Petit à petit, il revit toutes les étapes qui le ramènent à l'enfance. Leland Orser filme son personnage, Mark, en caméra objective : on se retrouve face à la détresse du père, impuissants. Sa femme, Alice (interprétée par la sublime Jeanne Tripplehorn, sa femme dans la vie), est filmée de manière subjective : on vit avec elle chacune de ses angoisses, son désarroi, sa tristesse immense. Ces visions se croisent, s'entrechoquent, jusqu'à s'échanger. Leland Orser ne tombe jamais dans le pathos, et c'est remarquable tellement ç'eut été simple. Les seconds rôles sont également parfaits, notamment Elliott Gould, Laura Linney et Gina Morelli. Ces béquilles sur lesquelles le couple peut s'appuyer un instant sont non seulement justes mais profondément touchants.