Une bonne petite comédie qui s'est réveillée de bonne heure
Pourquoi faut-il se soucier de Morning Glory ? Par le fait que le film soit réalisé par Roger Michell. Le bonhomme à qui nous devons l’une des comédies romantiques les plus populaires de ces dernières décennies. Il s’agit, bien évidemment, de Coup de foudre à Notting Hill. Le film qui proposait comme couple Julia Roberts (en star hollywoodienne) avec Hugh Grant (en simple libraire londonien). Et depuis, plus rien… Pas grand-chose que le cinéaste ne nous ait offert quoique ce soit à nous mettre sous la dent. Il y a bien The Mother, mais nous ne pouvons pas dire que cela a été un franc succès (pour preuve, ce long-métrage vous dit quelque chose ?). En même temps, ce film n’était pas réservé à n’importe quel public (vu le sujet). Michell nous revient donc avec une comédie tout public, avec un casting de choix (présence du prestigieux Harrison Ford, c’est pour dire !).
Encore faut-il avoir un sujet de choix ! Ce que les comédies américaines peinent en ce moment à trouver, au risque de retomber dans le déjà-vu ou alors dans les lourdeurs indigestes à la American Pie (où la vulgarité règne sans partage dans ce genre de divertissement). Avec Morning Glory, Roger Michell s’aventure dans un domaine qui n’a pas encore été traité dans un film tout entier (bien qu’il y ait déjà eu quelques évocations dans d’autres films). Celui des émissions télévisées matinales. Où, en France, avons comme équivalent Télématin. Sauf qu’ici, ce n’est pas William Leymergie qui est mis sur le devant de la scène. Mais Becky Fuller (jouée par Rachel McAdams), jeune productrice ambitieuse qui se voit la lourde tâche de reprendre le programme Daybreak en essayant d’apporter un peu de fraîcheur, comme la venue d’un grand journaliste prétentieux et obscène en la personne Mike Pomeroy (Harrison Ford). Alors qu’elle-même doit faire face à une traversée du désert au niveau professionnel et sentimental.
Aïe… sentimental… le mot qu’il ne fallait pas voir en lisant le synopsis d’une comédie américaine ! Celui qui assure que le film en question tombera forcément, à un moment ou un autre, dans du sentimentalisme à l’eau de rose qui plombe une énergie (ou efficacité, cela dépend dans quel sens on l’entend) comique parfois présente. Heureusement, avec Morning Glory, ce n’est pas la même limonade !
D’accord, il y a bien une romance qui traîne entre les lignes du script. Ce qui était inévitable. En revanche, cette trame secondaire ne met pas trois plombes à démarrer et voit plutôt le jour dès le début pour se concrétiser vers le milieu du film. Tout en restant au second plan, laissant le devant de la scène à la confrontation entre notre productrice et son odieux journaliste qui veut retrouver la célébrité en râlant sans cesse, n’en faisant qu’à sa tête. Et c’est de là que Morning Glory tire tout son peps ! De ce face-à-face tendu qui divertit comme il se doit, sans aucune prise de tête. Et sans se préoccuper d’autres choses qui ne feraient que meubler un scénario qui ne demande pas d’être exceptionnel (vu à quel genre de film nous avons affaire).
Et pour que la sauce prenne, il nous faut les ingrédients suivants : une certaine énergie dans l’enchaînement des situations et surtout des comédiens qui pétillent. Que nous retrouvons avec joie dans Morning Glory. Une comédie qui ne prétend rien d’autre qu’amuse par des séquences menées tambour battant pour faire sourire le spectateur. Sans compter la présence d’une Rachel McAdams rayonnante à souhait, d’un Harrison Ford bougon assez jubilatoire (cela fait quelques années que nous ne l’avons pas vu aussi à l’aise d’un rôle), Jeff Goldblum qui crie haut et fort qu’il n’est pas un vestige de Jurassic Park, ainsi Diane Keaton qui s’éclate comme une petite fille. Avec tout cela en magasin, difficile de ne pas apprécier Morning Glory pour ce qu’il est !
Après, il est évident que ce film ne casse pas trois pattes à un canard. Car si le milieu de la télé matinale trouve ici plus d’attentions qu’auparavant, Morning Glory n’en suit pas moins une structure scénaristique archi balisée. Avec des personnages ayant des problèmes synonymes de clichés, un dénouement prévisible au possible, quelques bons sentiments qui viennent alourdir une ambiance bon enfant… Tous ces petits détails que l’on retrouve dans chaque comédie américaine et qui se permettent de tout gâcher.
Mais quelque part, Morning Glory n’a nullement la prétention de sortir du lot. Le film se présente comme une simple comédie qui propose de passer un agréable moment par ses propres moyens. Et à la vue de la bonne humeur qui nous est ici proposée, on ne peut renier cette sympathie qui se dégage de ce film de Roger Michell. Certes pas mémorable, mais tout de même rigolo. Plaisant à suivre.