Après avoir bouclé sa trilogie du Hobbit, Peter Jackson a pris quelques vacances bien méritées. Puis on a entendu parler qu'il travaillait sur l'adaptation d'un nouveau bouquin. Forcément, tout de suite on tend l'oreille pour en apprendre plus, quand on sait de quoi est capable le monsieur. L'heureux élu est le premier roman de la saga littéraire Tom et Hester intitulé Mécaniques fatales (on va garder le titre original Mortal Engines si vous voulez bien). C'est donc ce livre qui aura le privilège d'être adapté pour le cinéma par celui qui a créé la trilogie du Seigneur des anneaux.
Sauf qu'en fait non car Peter Jackson étant occupé à côté par la réalisation de son documentaire sur la première Guerre Mondiale, il confia la direction de ce long-métrage à Christian Rivers, un ami de longue date avec qui il a travaillé sur tous ses films depuis Braindead en 1992. Il n'a donc pas confié son projet à un parfait inconnu. Et Jackson reste tout de même scénariste et producteur du film, en la compagnie de Fran Walsh et Philippa Boyens. On retrouve donc l'équipe complète qui avait travaillé sur les Seigneur des anneaux et Le Hobbit.
Et là, première chose qu'on remarque, c'est que lorsque l'adaptation d'un roman pour adolescents ou jeunes adultes est prise en charge par une équipe de gens très talentueux qui connaissent véritablement le roman et qui ont envie de créer quelque chose de vraiment bon, cela se ressent tout de suite à l'image. Mortal Engines est un blockbuster qui fait beaucoup de bien dans le paysage actuel des grosses productions car entre deux opus Marvel et DC Comics, ça fait plaisir de voir une production ambitieuse et de qualité qui se démarque de la concurrence et qui apporte un bol d'air frais aux blockbusters. Le monde proposé dans cette oeuvre est original même s'il peut rappeler d'autres films comme Mad Max : Fury Road notamment (en même temps, on retrouve le même mec, Junkie XL, a la bande originale et il ne semble pas capable de composer autre chose). Mais au moins, Mortal Engines essaye de créer quelque chose de nouveau et il y parvient en créant un univers riche et colossal.
Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Christian Rivers s'en sort très bien. Il a un sens du spectaculaire très prononcé en nous offrant des plans qui tapent à l’œil par leur immensité et tous les détails qu'ils contiennent. Pour ce film en particulier, il fallait être capable de montrer le gigantisme des villes et la taille des véhicules-cités qui se déplacent dans ce monde désertique. Christian Rivers accomplit cette tâche sans problème, beaucoup aidé par la qualité des effets spéciaux également.
Cependant, la plus grande qualité de ce film n'est pas l'univers qu y est dépeint mais ses personnages. Les deux principaux sont joués par de jeunes acteurs jusque là plutôt inconnus et ils se montrent tout à fait convaincants. Mais les meilleurs personnages de cette histoire sont ceux secondaires, notamment Thaddeus Valentine incarné par Hugo Weaving qui est comme à chaque fois formidable, Anna Fang la rebelle qui pète la classe, et Shrike le zombie-robot ambigu et bien plus menaçant qu'un grand nombre de vilains actuels. Contrairement à la majorité des blockbusters qui sortent de nos jours, on s'attache vraiment aux personnages secondaires dans celui-ci. Ils ont une personnalité forte, ils ne passent pas inaperçus et la mort de certains est à la fois surprenante, osée et parfois même touchante alors qu'on ne les connait pas tant que ça. Mais ça, c'est parce que ce sont des personnages bien écrits, bien interprétés et avec une apparence qui leur est propre.
Dans les faits, ce nouveau film de science-fiction est assez classique. Malgré les idées inédites qu'on peut y trouver, l'histoire en elle-même suit une trame convenue et codifiée. Mais ce projet a la chance d'avoir été dirigé par des gens qui l'ont pris au sérieux. Les personnages sont forts et marquants et visuellement le film est assez beau. Mortal Engines n'est pas un blockbuster sensationnel, mais c'en est un très bon et qui offre un divertissement très satisfaisant. Il donne même envie de découvrir les livres pour replonger dans cet univers et en apprendre plus. Et on sort du film avec l'envie de connaître la suite. Et ça, c'est déjà une belle preuve de réussite.