Beineix livre un ultime film, du moins considéré comme tel en ce mois de novembre 2015. Peut-être s’est-il lui-même mis en retrait et éloigné du cinéma ou est-ce les producteurs, profession composée très largement d’opportunistes cupides, qui n’ont pas le courage et l’amour de cet art suffisant pour le produire ?
Si la deuxième hypothèse est vraie, ils prouveraient par-là qu’ils n’aiment pas le cinéma français et leurs démiurgiques sentinelles, méritant ainsi notre mépris, notre crachat !
Tout est déjà contenu dans la scène d’ouverture. Jean-Hugues Anglade, psychanalyste que l’on devine psychiatre de formation par le fait qu’il délivre, à un moment donné, une ordonnance et qu’il évoque ses études de médecine, suit lui-même une analyse chez un confrère, Robert Hirsh. Dans le cabinet se trouve un tableau vénitien où des hommes déguisés et masqués regardent la rue. C’est l’annonce des aventures qui attendent Anglade, les faux-semblants, la quête initiatique, la perdition et puis la renaissance.
Beineix fait son Kubrick et inscrit son Mortel transfert comme le Eyes Wide Shut français.
C’est une étude sur la paranoïa qui peut s’installer chez l’individu lorsque l’on n’a pas l’esprit tranquille, que la culpabilité, réelle ou artificielle, pèse comme une masse et pousse au délire.
Pour conclure, un film merveilleux, sombre mais non dénué d’humour où le fétichisme se confond avec l’avarice. L’ambiance y est parfois lourde et malsaine, semblable au téléfilm érotique du dimanche soir d’M6 que nous regardions jeunot.
Il faut préciser qu’Yves Rénier est excellent dans les quelques scènes que lui octroie son personnage dans un minuscule second rôle. Il y est intense et intimidant.
Une cavalcade dans un Paris obscur où tout paraît étrange, entre rêve et cauchemar.
Samuel d’Halescourt
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