Polar onirique. Tous les personnages sont des cas pathologiques qui se perdent entre leurs fantasmes et la réalité, mais nous comprenons leur logique et dans une certaine mesure nous y adhérons émotionnellement. C'est ce qui rend ce film si dérangeant.
Le détective, Beauvoir ressasse depuis des années son désarroi affectif vis à vis de sa fille disparue. A l'occasion d'une enquête, il transfert ses sentiments paternels sur une tueuse en série. Il ne pourra faire le deuil de sa fille qu'après la mort de la femme sur qui il a reporté son affection.
La tueuse a perdu son père. Elle est en plein désarroi affectif. Elle recherche un statut social tout en se tenant dans une logique d'autodestruction.
Claude Miller nous montre la concordance de leurs aspirations en exposant leurs réflexions intimes comme un dialogue télépathique. Nous quittons le réel pour un monde onirique, alors que paradoxalement elle ignore l'existence du détective -Ceux qui font des trous dans le mur, ils n'existent que si on décide qu'ils existent-. Mais lorsqu'elle tombera amoureuse d'un homme qui pourrait être son père, Beauvoir montrera sa jalousie.
Les personnages secondaires sont tout aussi fous et truculents et suivent leur logique décalée.
Grâce aux dialogues de Michel Audiard, on prend un peu de recul par rapport aux personnages sur lesquels on jette un regard ironique qui ne dédramatise pas vraiment l'ambiance marquée par les variations autour de "La paloma":
https://www.youtube.com/watch?v=XLr7Gr3Ur60
Ce film ne vaut pas pour la qualité de sa construction, mais pour les émotions qu'il peut susciter.