Mère des soupirs, mère des larmes, mère des ténèbres

La découverte inoubliable du génial Memories of murder en 2003 avait déjà créé en moi une curiosité instantanée envers ce cinéaste au style véritablement inédit et unique.
Son film suivant, le chef d'œuvre The Host avait alors confirmé qu'il s'agissait là d'un cinéaste avec lequel il allait vraiment désormais falloir compter.

Ce merveilleux Mother marque désormais mon entrée au fan club officiel de Bong Joon-Ho !

Entièrement conçu pour et construit autour de son actrice principale Kim Hye-Ja (immense star en son pays et hallucinante dans ce rôle) Mother est un portrait de femme à facettes multiples assez surprenant car cette mère n'est pas la "mère courage" attendue et redoutée.


Elle est un personnage autrement plus complexe et souvent trouble qui imprime au film ce caractère constamment dérangeant, incongru, déconcertant, hilarant autant qu'émouvant qui ne nous laisse jamais nous installer dans un récit convenu et enchaîne les twists scénaristiques autant que stylistiques qui sont désormais la marque de fabrique du cinéaste (sans jamais tomber dans un "truc" systématique d'auteur).

Au fil du récit où cette femme se révèle perverse, courageuse, intrusive, sensible, castratrice, aimante, obsédée, tendre, tenace, idiote, dangereuse, têtue, belle ou folle à lier, le film opère de constants virages à 180° dans le drame, la comédie de mœurs, le polar, le burlesque, le thriller, la chronique sociale, le mélo et même le giallo avec brio et sans qu'aucune couture ne soit visible, qu'aucune maladresse narrative ou esthétique ne soit perceptible et surtout en alignant des séquences à la mise en scène d'un brio incontestable qui s'avère d'une belle singularité et d'une totale originalité (mis à part un petit emprunt discret aux Frissons de l'angoisse Dario Argento, et encore, pour mieux le twister 5 minutes après).


Jusqu'ici, parmi les auteurs vivants, seul Almodovar était capable de réussir avec autant de force , d'évidence et d'originalité ce croisement et cette copulation des genres...
Il faut désormais lui compter un jeune cousin asiatique, qui n'a pour le moment qu'une poignée de film à son actif mais qui est l'un des plus prometteurs de ce début de 21ème siècle.

Et Mother est d'ors et déjà pour moi l'un des plus beaux films coréen de ce début de siècle... en attendant The Host 2, qui ne devrait plus tarder...

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le 11 août 2014

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Foxart

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