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Par Vincent Malausa

Après Memories of murder et The Host, que pouvait-on attendre de l'excellent réalisateur coréen Bong Joon-ho. Retour immédiat à la superproduction explosive ? Parenthèse apaisée ? Conquête de nouveaux espaces inexplorés ? La réponse apportée par Mother a le mérite de ne pas chercher à brouiller les pistes : elle signe le retour en grande forme du fabuleux mister Bong vers le refuge - plutôt inattendu - du thriller campagnard façon Memories of murder. Rupture dans la continuité, en somme : le génial cinéaste n'oublie en effet à aucun instant de repousser les limites de sa mise en scène, renouvelant de fond en comble le cadre d'un genre pourtant rongé jusqu'à l'os par le cinéma coréen.

Deux des plus puissants plans de l'année se fichent aux extrémités de Mother : une ouverture à la beauté impromptue et sauvage (environnée de champs de blé, une femme d'un certain âge se met à danser face caméra) et un dernier à la grâce inouïe (la même femme reprend sa danse, filmée de profil à travers la vitre d'un bus lancé dans la campagne, entre les rets d'un soleil finissant). Si le premier plan semble un instant forcer une folie qui est en germe depuis les débuts de l'auteur (Barking dogs never bite), le dernier rassure définitivement le spectateur concernant sa santé mentale : Bong est suffisamment maboul pour basculer en un battement de cil dans la plus dispendieuse fantaisie. Tout le film apparaît ainsi comme une sorte de mise en abîme de cette anomalie du cinéma contemporain figurée par l'auteur, où la plus extrême et la plus rigoureuse précision (une enquête sur le meurtre mystérieux d'une jeune femme) n'est jamais loin de basculer dans la plus délirante extravagance. Expliquons-nous : Bong Joon-ho n'a rien de ces cinéastes ayant construit toute leur filmographie sur un effet de signature surréaliste (à la manière des tristes sires Gilliam ou Kusturica) ; il est au contraire un auteur hanté par la question de l'hyperréalisme, et chacun de ses films épouse, dans l'afflux des visions les plus outrées et des ruptures de ton les plus brutales, une image viscérale de la Corée d'aujourd'hui - entre satire électrique et mélodrame halluciné. Mother ne faillit pas à la règle, tissant le rapport à la fois dégénéré et bouleversant qui relie un Idiot (que tout accuse du meurtre du film) à sa mère, et le refus de cette dernière de croire jusqu'au bout à la culpabilité de son fils. Tirant le fil du mélo tragi-comique (façon The Host), le film bifurque rapidement du côté du thriller enlisé dans la gadoue (comme dans Memories of murder, encore une fois), brossant ainsi une sorte de synthèse précoce de l'oeuvre encore totalement imprévisible du cinéaste. (...)

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/cinema/mother-2/
Chro
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le 14 avr. 2014

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