Je ne sais pas pour vous, mais moi quand je regarde un documentaire, j'aime bien apprendre des choses. Comme ça je peux la ramener en soirée. L'idéal, c'est même un documentaire musical comme ça j'ai plus de chances de gagner au quizz du dimanche soir au Pub du coin.
Le problème de Standing in the Shadows of Motown, c'est qu'il ne nous apprend pas grand chose. Une fois qu'on nous a révélé au début du documentaire que le même groupe de musiciens, à savoir les Funk Brothers, est à la création de la plupart des hits Motown, on a presque déjà fait le tour de la question.
Le documentaire pourrait se résumer en une bande de vieux messieurs échangeant des anecdotes sur l'époque où ils créaient des tubes à la chaîne. On pourrait aussi leur reprocher de jouer à 'qui a la plus grosse' puisqu'ils ne manquent pas une occasion de rappeler qu'ils étaient potes avec Marvin Gaye ou encore Stevie Wonder et que, sans les Funk Brothers, ces artistes ne seraient que de vulgaires saltimbanques. A ce titre ils les appellent Marvin et Stevie, parce que ce sont des intimes, il ne faut pas l'oublier. Plutôt que de nous expliquer la genèse de ces morceaux qui ont marqué l'Histoire de la musique, le documentaire ressemble à une revue d'effectifs qui s'attache à présenter chaque brother... et il y en a un paquet. Les explications sur la création des morceaux sont d'ailleurs assez décevantes. Ça ressemble beaucoup à "je me suis pointé au studio, j'ai posé un riff qui sonnait pas mal, et ça a fait "My Girl""
En plus de ça, les musiciens sont tous présentés comme les meilleurs du monde à leur instrument. Même s'il y a trois guitaristes, c'est pas grave, chacun d'entre eux sera le meilleur qu'on ait jamais entendu.
Tout ça pour dire qu'il subsistait en moi une certaine déception après le visionnage. Toutefois, le documentaire est sauvé par la qualité de la musique. Les anecdotes sont entrecoupées d'images d'un live des Funk Brothers (ou ce qu'il en reste) avec des artistes de notre époque. On trouve aussi bien Chaka Khan que Ben Harper ou Joan Osborne, et c'est vraiment superbe à écouter. Si les brothers ne sont pas étouffés par la modestie, on ne peut pas nier qu'ils étaient bourrés de talent. Je fustige les anecdotes racontées par les musiciens un peu plus haut, mais certaines ont tout de même de l'intérêt.
En bref, si la démarche de Paul Justman de mettre en valeur des musiciens qui n'ont pas connu la renommée qu'ils mériteraient est louable, le résultat final ressemble plus à une conversation de petits vieux évoquant le bon temps. On se consolera avec la qualité de la musique qui, à elle seule, justifie le visionnage.