Mountain ou la femme niée!
C'est un premier film de Yaelle Kayam et déjà une remarquable maîtrise du récit et surtout le courage de nous montrer l'envers du décors du mont sacré, le Mont des Oliviers. Ce milieu du monde,...
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le 19 janv. 2017
C'est un premier film de Yaelle Kayam et déjà une remarquable maîtrise du récit et surtout le courage de nous montrer l'envers du décors du mont sacré, le Mont des Oliviers. Ce milieu du monde, l’avènement des religions, ce lieu sacré, le centre des trois religions monothéistes.
L'histoire d'une famille, ou plutôt d'une femme, qui vit dans une maison accolée au Mont des Oliviers, comme une guérite, la maison ou la grotte de l'entrée symbolique du cimetière juif. Elle y demeure avec son mari et ses quatre enfants. Le rituel quotidien du départ des enfants à l'école, le ramassage scolaire où le père prend également place.
La mère de famille, juive orthodoxe, n'intéresse plus son mari, austère et traditionnel, que pour les besoins matérielles du foyer. Elle l'attend, le désire, il ne rentre pas ou est très pris par l'écriture et le travail religieux.
Et c'est là que le Mont des Oliviers prend toute sa dimension. C'est l'horizon, dès la première séquence, de cette mère dont nous ne saurons rien d'autre, que son désir, son enfermement et, comme compensation (?) son attirance pour l'extérieur, ce dehors où la vie se déroule dans ce lieu des morts, des tombes magnifiquement filmées. Le jour ce sont les touristes, les visiteurs, les pèlerins, la nuit les voyous, la prostituée. Et le jour aussi Abed, le gardien palestinien du cimetière juif, qui la salue, qui l'écoute, pressent son désarroi, sa solitude et la respecte toujours en silence.
Les séquences sur la relation aux enfants ne laissent pas de questionner. Le rapport très proche entre le père et la fille aînée (aussi bien le religieux que son quotidien) la mère et le petit dernier (déjà un grand garçon qu'elle prend toujours sur ses genoux et à qui elle donne à manger). Comme si, chacun des enfants (l'aînée et le dernier) prenait la place de choix auprès de l'autre parent. La réalisatrice qui s'est beaucoup inspirée de l'histoire de sa grand-mère, nous montre là quelque chose qui aurait à voir avec la confusion des rôles dans la famille.
Cette histoire, dont la fin nous laisse dans l'ambivalence de l'acte accompli, sans images superflues montre bien le poids d'une tradition oppressante, de la place confinée de la femme dans la fonction maternelle, soumise à la règle imposée par le religieux.
Film féministe? Ce n'est pas le propos. Certes un film qui expose la condition des femmes mais qui est finalement un révélateur regard sur la condition humaine.
Prix: La réalisatrice Yaelle Kayam a reçu un prix au Festival international de films de Fribourg, le Regard d'or pour "la justesse avec laquelle la cinéaste déroule cette quête intime et dévoile la complexité du monde et de l’âme humaine".
https://blogs.mediapart.fr/arthur-porto/blog/160117/israel-mountain-entre-les-frontieres
Créée
le 19 janv. 2017
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