Givre de la jungle
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le 8 déc. 2018
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On finit par se perdre dans la jungle des multiples versions du texte de Kipling. Mowgli y est tantôt sombre, intraitable, facétieux ou simplement gentil/mignon. Accompagné d'un côté par un Baloo souvent débonnaire, parfois gourmand, éventuellement irresponsable et ici professoral et de l'autre par un/une panthère noire, male ou femelle, indépendant(e) et/ou visionnaire, moralisatrice/teur et/ou maternante/paternel. Face à un Shere Khan...quant à lui invariablement cruel (mais ici avec de beaux yeux bleus).
Il est dès lors tentant, lorsqu'une énième version voit le jour, de se soumettre au petit jeu de la comparaison : est-ce que le film est proche ou pas du texte d'origine ? Est-il aussi enlevé - ou moins - que la version de Disney (1967) ? Les animaux sont-ils plus ou moins réalistes en comparaison de la version de Favreau ? Les techniques d'animation apportent-elles une plus-value à cette histoire archi-connue ?
Ayant en tête le texte original, relu il y a peu, et comme tout le monde, la superbe interprétation façon comédie musicale que Disney en a tirée (avec beaucoup de rognage cela dit par rapport au Livre), j'étais plutôt sceptique face à cette nouvelle page écrite par Andy Serkis.
Mais le bilan, à ma grande surprise, n'est pas si mauvais.
D'abord pour la tonalité générale du film qui réussit à éviter les mièvreries d'une nouvelle version édulcorée à la Disney. Hormis quelques passages lumineux, l'atmosphère générale est plutôt sombre, à l'image de la cauchemardesque virée de Mowgli au pays des Bandar-Logs d'ailleurs bien plus impressionnants en mode anarchique que sous la tyrannie du brave Roi Louis. De même de la découverte du cabinet de taxidermie par un Mowgli sidéré qu'on puisse ainsi empailler ses frères de jungle.
Ensuite, pour le travail sur des personnages pourtant bien circonscrits par les films précédents. Ainsi des figures principales, comme Mowgli lui-même plutôt bien campé par son jeune acteur ou comme Baloo, pas tibulaire mais presque avec sa gueule cassée, qui n'est pas sans rappeler quelque vieux cow-boy hollywoodien. Pareil de quelques personnages secondaires que la version de Disney avait occultés comme Tabaqui, le chacal dont la folie originelle est bien restituée ou Akela le vieux chef de la meute.
Enfin, et ce n'est pas le moindre attrait du film, plusieurs séquences d'une grande virtuosité apportent rythme et surprise visuelle au récit : la course de nuit, la descente dans l'enfer des Bandar-Log ou encore la scène de la mare quand Shere Khan s'abreuve sans apercevoir le petit d'homme qui s'y cache.
Certains aspects sont plus contestables comme le personnage très lisse de la femme du village ou celui sans relief du chasseur (la partie "village" est globalement moins bonne). Quant à l'animation des animaux elle procède d'un choix qui permet qu'on accepte plus facilement de les voir parler (façon dessin animé) mais au détriment de certains d'entre-eux qui semblent moins réussis tel Bagheera qui manque de vista (à moins que ce ne soit l'interprétation de Christian Bale ?) ou le petit loup rejeté-copain de Mowgli, personnage qui n'apparait pas dans les deux livres de Kipling et dont l'aspect cartoonesque semble viser un public très jeune auquel le film n'est pourtant pas destiné. Étrange.
Une version loin d'être parfaite donc mais qui reste dans l'esprit du texte original tout en s'affranchissant en partie des choix effectués par Disney.
Bref, peu de génie mais pour un résultat plutôt heureux.
Personnages/interprétation : 6/10
Histoire/scénario : 7/10
Réalisation/photo/musique : 7/10
7/10
(A voir en famille par exemple mais pas pour les plus jeunes)
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Dans ce film il y a un feu de camp, Vus (ou à voir) sur Netflix et Plongée en contre-plongée
Créée
le 8 déc. 2018
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