Vivre sans amour, est-ce que ça vaut le coup ? C'est une des questions que pose le film. Après la mort de sa femme qu'il aimait par dessus tout (suivi de son licenciement de la société dans laquelle il travaillait depuis 43 ans), Mr. Ove veut mourir. La première demi-heure du film est assez prévisible. Il va se rater plusieurs fois, au moins cinq (on est dans la comédie vaguement macabre). Et c'est moyennement divertissant. Par contre, ce que j'ai aimé, ce qui m'a surpris, touché, ce sont les nombreux flash-back qui nous résument sa vie et nous font comprendre comment il est devenu ce qu'il est devenu : un Mr. Ove de 60-65 ans, grand, enrobé (voire épais, bedonnant), irascible, maniaque et odieux. On peine à le reconnaître à 8-9 ans, mignon et timide blondinet, la tête dans les étoiles et très attaché à son père (car mère morte, alors qu'il n'avait que 4-5 ans). Dans de continuelles allées et venues entre aujourd'hui et hier, on le découvre à 20-25 ans, grand gaillard blond et empoté, amoureux transi d'une jeune prof rencontrée dans le train (et qui fait quasiment toutes les avances, tant elle le voit paralysé par la situation). Le Mr. Ove sexagénaire nous devient graduellement moins antipathique, en même temps qu'il se lie peu à peu à de nouveaux voisins qui le sollicitent sans arrêt et le contraignent à se resociabiliser. Nouveau flash-back : on découvre la teneur du drame qui a endeuillé sa vie et, par la même occasion, qu'il a un coeur gros comme ça sous son enveloppe d'irascible mal embouché. Etc.
Ce qui m'a moi bien plu (et rendu rêveur), c'est la mise en évidence de ces (au minimum) trois figures empilées en poupées russes : l'enfant ("comme il est mignon, gentil, fragile !"), le jeune adulte ("beau mec droit comme un chêne et raide comme la justice") et le vieux sexagénaire (enrobé, aigri, buté et renfermé sur son chagrin)... joués par trois acteurs différents, ce qui souligne l'étrangeté de ces trois êtres qui se sont succédé en un seul.
La leçon du film (s'il y en a une) ? On n'existe pas sans les autres. Et comme c'est difficile de vivre sans amour ! Et... une fin de vie, c'est rarement drôle, mais il faut savoir prendre ça avec humour, et tenter d'aimer malgré tout (de rester ouvert aux autres), jusqu'au bout.

Fleming
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le 18 sept. 2016

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