Longue marche documentaire le long du mur séparant Israël de la Palestine, mais aussi tout contact entre ses habitants respectifs. Dans la langue qu'ils veulent, Simone Bitton donne simplement la parole aux anonymes des deux côtés de ce béton bardé de fortins et de capteurs, qui coutera plus d'un milliard de dollars à Israël.
Ces anonymes sont la perle de ce film. Ils ont leur mots à eux du conflit, de cette "ligne de couture" - une des nombreuses appellations des 700 km de l'obstacle - des mots qui ne ressemblent en rien à ce qu'on entend ici en Europe, moraliste et à côté de la plaque, pour dire le "coeur" des choses, comme seuls le peuvent Juifs et Palestiniens, tous greffés à cette terre.
Le plus étrange finalement, c'est que ceux qui passent ou vivent près du mur ne semblent pas accablés de haine, assoiffés de sang ou de rancoeur.
Au contraire, Juifs comme Palestiniens paraissent plus fatigués, fatigués et tristes de cette séparation physique, qui les coupent définitivement les uns des autres. Comme si la présence de ce mur (ajouté aux nombreux barbelés) les avait soudain rendus lucides sur la triste guerre qu'ils se livrent, sur leur intolérance mutuelle du passé, énergies négatives cristallisées dans le béton de ce mur.
Ce mur si laid, ils veulent tous le faire tomber, car consciemment ou pas, ils savent qu'il ne résout rien, en figeant les problèmes. Un mal pour un bien futur ?