D'abord, il faut oublier le titre, oublier l'affiche, d'un ringard impossible.
On retrouve ici la petite musique de Rohmer : la jeunesse des années 90, insouciante, juvénile, bonheur. Naïveté dans l'air, amusements d'une jeunesse candide, libre de tout, libre comme l'air. Sous le soleil et sur la plage, dans la mer, lumière naturelle et rayonnante, du Eric Rohmer partout où l'on marche : dans les dialogues, dans la désuétude des êtres, des vêtements, des façons de parler, du temps. Comme chez Rohmer, on regarde cette jeunesse comme sortie d'un autre temps, aux fringues ringardes, mais on est touché, par tout, par les dialogues, les tons de voix décalées, irréelles, les mots libres et articulés comme dans des livres, exactement comme chez Rohmer et ces jeunes filles candides qui courent dans les vagues. Et on aime cela. On en reveut encore. Peut-être que tout ce monde peut paraitre désuet, profondément ringard, mais on aime. On s'identifie à cette jeunesse parce que nous aussi on est jeune. Alors on regarde, et les mots, les voix nous écorchent. Pourtant c'est assez banal. Trois fois rien. Des mots qui sortent comme ça, d'une clarté, d'une limpidité à couper le souffle, et pourtant c'est fracassant. Le moindre mot. Cette vérité dans la voix, cette chose qui émeut, et qui fait de l'être ce qu'il est. La profondeur de l'individu. C'est cela qui fait vivre les personnages des films. Leur façons de parler. Leur gestes. Ça humanise tout. Et c'est magnifique. Ainsi, nous sommes ici au plus près de la vie.
Dans les voix des êtres, chez les êtres, il y a une sorte de vérité qui sort du jeu, ce brin de vie qui fait tout, et ça vrille encore, encore, encore.
J'aime infiniment ce cinéma français des années 90, un peu Nouvelle Vague, libre comme l'air, soleil et insouciance, à la Rohmer oui.
Il faut regarder cette jeunesse exister et ce contenter des mots d'une extrême singularité, qui écorchent nos gorges.
C'est beau.