Forbidden World est l’exemple parfait de la politique zéro gaspillage du petit cinéma de Roger Corman, ici producteur : roi du recyclage et opportuniste, ce dernier surfe sur la vague soufflée par Alien trois ans plus tôt (Ridley Scott, 1979) avec la reprise quasi à l’identique du scénario et de certaines scènes, notamment la détection d’un appel à l’aide par un vaisseau gouverné par la technologie, la traque paranoïaque dans une défilade de pièces formant un vaste labyrinthe que des écrans permettent d’observer, le recours à une créature xénomorphe qui s’accomplit par le saut d’un hôte à l’autre, etc. L’originalité tient à la sexualisation de l’équipage, si bien que l’étranger Mike Colby s’intègre au laboratoire en s’accouplant aux femmes scientifiques de la même manière que le monstre prend possession de l’espace par la pénétration ; celle-ci demeure prétexte à une complaisance dans la nudité féminine, en témoigne l’homogénéité des formes entre les deux actrices. De même, la violence s’exprime par le gore, sans que la mise en scène ne crée un quelconque sentiment d’angoisse ou de tension. Aussi le long métrage suscite-t-il le rire, assez proche en cela de Sorceress (Jack Hill, 1982) sorti la même année, mais assure une certaine rigueur dans la réalisation et un soin porté à sa photographie qui font de lui un divertissement regardable.