Après 2005 et le bide fortement mérité du lamentable Cursed et le très moyen Red eye, Wes Craven semblait s'être un peu retiré de la mise en scène préférant produire, écrire et suivre de plus ou moins loin les remakes de se œuvres maîtresse comme La colline à des yeux, Last house on the left ou Les griffes de la nuit. My soul to take ressemblait donc fortement à un galop d'essais avant de reprendre les commandes de Scream 4.Fatalement très attendu au tournant. My soul to take marquait donc en 2010 le retour de papy Craven à la mise en scène d'un film dont il est également le scénariste, une chose qui ne s'était plus produite depuis Freddy sort de la nuit en 1995.
Si My soul to take se situe au dessus des derniers films de Craven, notamment Cursed, le film est pourtant loin d'offrir un grand retour aux affaires pour le papa de Freddy et posait même au moment de sa sortie quelques sérieuses inquiétudes sur le prochain Scream.
My soul to take raconte l'histoire de sept adolescents tous nés une même nuit quinze ans auparavant alors qu'un serial killer aux multiples personnalités se faisait tuer par la police locale après une nuit d'horreur. Depuis une légende raconte que le tueur reviendrait à la date anniversaire de sa mort afin de collecter les sept morceaux de son âme repartis dans les nouveaux nés de cette fameuse nuit. My soul to take s'inscrit dans dans une mécanique de slasher dont Wes Craven connaît parfaitement le moindre rouage. On retrouve donc dans le film de nombreux éléments de l'univers et de la filmographie de Wes Craven avec une trame finalement assez proche de Scream, des séquences oniriques à la Nightmare on Elm street, des éléments de culture vaudou et surtout ce portrait d'une jeunesse américaine victime du poids des silences et des actes du passé. Le film s'ouvre sur une séquence horrifique bien sèche comme dans Scream pour se poursuivre vers un slasher à l'arme blanche des plus classique dans lequel il faudra deviner l'identité du tueur. On a un peu la sensation en voyant My soul to take que Wes Craven avait presque besoin de se rassurer en s'appuyant sur des acquis pour livrer un film finalement carré mais sans la moindre surprise. Le plaisir que procure My soul to take tient pour beaucoup dans sa forme et sa mise en scène qui tranche avec les canons imposés par des années de torture porn aux montages hystériques, le film de Craven est posé et offre des meurtres qui ne cèdent jamais à la surenchère.
Le revers de la médaille c'est que My soul to take semble parfois bien trop sage et surtout peu mou du genou (sur 1h50 c'est long) et la sensation d'assister à un sous Scream fait assez vite son apparition d'autant plus que le film n'est pas dénué de quelques défauts fort dommageables. Tout d'abord la figure du tueur sorte de Predator clocdo à cheveux gras est bien peu charismatique et surtout on a la sensation que les trois quart du casting ne sert strictement à rien. Wes Craven nous balance des caricatures d'adolescents qui n'ont jamais l'occasion d'exister à l'écran du sportif bas du front à la bigote rousse en passant par l'asiatique et la pétasse blonde difficile de s'accrocher au moindre personnage le pire étant le black aveugle qu'on retrouve comme par enchantement mort dans un placard(??). Le film offre également quelques séquences au comique plus ou moins volontaire pour le moins gênante comme lorsque deux adolescents se comporte en face l'un de l'autre comme si ils étaient devant un miroir et quelques jumps scares convenus et plus que faisandés. Des défauts assez rédhibitoires d'autant plus que My soul to take comporte ni frisson, ni suspens et finalement bien peu d'émotions fortes.
Difficile par conséquent de savoir si Wes Craven brasse ses obsessions ou commence à sérieusement radoter ses univers et son cinéma. En tout cas My soul to take laissait franchement sceptique et inquiet .... Finalement Wes Craven ne terminera heureusement pas sa carrière sur My Soul to take mais sur un Scream 4 certes imparfait mais un poil plus respectable comme sortie de scène.