Parfois il ne faut pas forcément juger un film avant de l'avoir vu, on se dit qu'on peut sûrement bien rigoler devant un film à l'humour bien lourd. En gros, on a pas envie de réfléchir pour regarder un film mais on ne s'attend sûrement pas à être mal à l'aise.
Votre très long calvaire (le film dure 1h20 mais il ne se passe absolument rien pendant 1h05) va prendre peu à peu forme sous vos yeux ébahies par un générique nous présentant un florilège des meilleurs pastilles humoristiques de Rémi Gaillard, l'homme aux "1,6 milliards de vues", d'ailleurs vous pouvez diviser ce nombre par 1,6 milliards et vous aurez le nombre de vues pour le film. On nous annonce déjà la couleur dès l'ouverture, le film sera une ode à son personnage. Le scénario (oui il y en a un) s'est d'ailleurs embêté à donner un nom à tout ses personnages sauf à Rémi Gaillard bien sûr. Un générique qui vous présente aussi tout les comédiens qui vous accompagnerons pendant le film, la surprise vous ai gardé pour un peu plus tard en la personne de Nicole Ferroni, meilleure espoir féminin et qui semble littéralement habitée par son personnage. Elle livre une prestation offrant d'intense moments de tristesse et de désespoir pour son personnage comme pour nous les spectateurs. Rémi Gaillard se sentant même à un moment l'envie de besoin physique avec elle, nous offrira un moment de très grande gêne.
Il est aussi important de souligner que le film est sortit en 2014 mais semble se dérouler une dizaine d'années auparavant ou alors dans une dimension parallèle à la notre. En témoigne par exemple l'ordinateur de Rémi Gaillard qui montre Windows Xp et une barre Windows Live Messenger ou encore un peu plus tôt dans le film lors d'une poignante dispute avec sa copine devant un cinéma, toutes les affiches qui se trouvent derrière eux. Ou alors la ville dans laquelle ils vivent est resté coincé dans le passé, d'ailleurs quand le film n'est pas une ode à l'égocentrisme de Gaillard, il est un sponsor officiel de la ville de Montpellier. Ce qui lui a permit des économies sur les costumes, maillot de l'équipe de foot pour seul vêtement, coque du téléphone et j'en passe. Ce qui fait sûrement que vous aller rester en dehors du délire pendant tout le film puisque le public à qui il s'adresse est clairement visée.
Sans trop m'avancer, je pense que le film était destiné à devenir l'une de ces comédies cultes à l'humour bien lourd qui ne rencontre pas forcément un grand succès mais qui va faire la joie de discussions entre amis ou collègues qui s'échangent les répliques ou les scènes les plus drôles. Le pari étant à moitié réussi puisque le film fût un bide, bon maintenant pour l'autre moitié je n'ai pas forcément grand espoir. Tant le film oscille entre moments de grand malaise, de performance d'acteurs intense ou encore best-of des meilleurs sketchs de Gaillard balancés régulièrement et grossièrement sans trop qu'on comprenne la raison. Et puis quand on a pas envie de mettre des baffes à Nicole Ferroni, on comprend que le film va essayer de raconter une histoire et même dégager une critique virulente de la société (être un adulte c'est chiant). Rémi va à un moment péter les plombs et devenir ce qui semble être sa définition du sérieux, il est représenté coiffé, sourit bêtement à tout ce qu'on lui dit et va travailler en tant que commercial, il quitte également son maillot de foot.
Mais stupéfaction ! Je m'aperçois qu'il n'y a plus aucun doute Rémi Gaillard est en fait un génie auxquels on s'est un peu trop inspiré. Les situations me semble étrangement familière et trop flagrante avec le personnage de Dougie Jones dans la saison 3 de Twin Peaks sortit quelques années plus tard. David Lynch aurait il lui aussi honteusement regardé ce film ? D'ailleurs tout les amis de Rémi sont eux aussi représenté dans un monde adulte d'une étrange manière, par exemple, l'un étant un hippie fan de reggae, pour montré qu'il s'est intégré, il devient un joueur de cornemuse en kilt. Le film transcende même toute logique quand il n'est pas d'une stupidité consternante, le malaise atteint son paroxysme lors d'une scène dans un hôpital, c'est à dire que même si c'est pas fin du tout, on a envie de se laisser faire et rigoler mais c'est la gêne qui l'emporte. A aucun moment c'est drôle, la gêne vous gagne minute après minute et puis du coup on a toujours envie de mettre des baffes à Nicole Ferroni.
Rémi Gaillard réussi tout de même deux exploits, le premier celui de continuer à faire des caméras cachés dans sa ville de Montpellier alors qu'il nous est montré comme The célébrité locale, qui ne peut pas sortir dans la rue sans qu'on le reconnaisse. Et puis, celui de refaire à l'identique tout ses sketchs en pas drôle voir même parfois en carrément ringards. Bon allez j'en ai marre de dire du mal de ce film, je vais me mater Bad Buzz.