Adaptation du best-seller Les Pages de notre amour (premier roman de Nicholas Sparks, publié en 1996), N'oublie Jamais est devenu un classique de la comédie romantique ; en tout cas un classique populaire, car si la critique a été extrêmement dure, ce mélo a trouvé son public et la cohorte de fans nécessaire. Contrairement à son père John (Faces, Une femme sous influence), Nick Cassavetes est un réalisateur plutôt conforme aux canons traditionnels : le film est dépourvu de la moindre surprise, la mise en scène est sage, la maîtrise et le raffinement 'manifeste' sont de mise.
Ces dispositions sont soutenues par de nettes qualités techniques (sens du timing, photographie superbe) et d'ambiances (le Sud du passé, le sentimentalisme permanent mais toujours sobre). Les allergiques au genre détesteront, les adeptes aduleront, les autres profiteront de ces qualités objectives, à des degrés variables. La direction d'acteurs est excellente, la prestation de Rachel McAdams rafraîchissante, le décalage de Ryan Gosling par rapport à son stéréotype fonctionne jusqu'à un certain point (barbu solitaire, on y croit moins). Le plus émouvant est la partie hors du flash-back, où James Marsden raconte à Gena Rowlands (mère du réalisateur), atteinte d'alzheimer, leur histoire.
Si la tendance aux clichés n'est pas nécessairement un problème, une autre chose demeure, généralement (au-delà du cas précis de ce film) dans la foulée mais pas systématiquement liée ; un certain simplisme. Par son langage émotionnel, The Notebook va en profondeur, mais les personnages et leurs vécus restent envisagés de façon sommaire. En marge des aimables kitscheries et même d'élans assez beaux, les conclusions psychologiques sont souvent médiocres : ainsi, le personnage de la mère est excellent, puis toute sa construction et son aura sont réduits à une essence niaiseuse lorsqu'on annonce son idylle passée.
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