Une claque
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le 18 avr. 2013
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Polar poisseux, Narc se donne pour objectif de décaper le mythe de la police qui serait du côté de la loi. Un thème déjà abondamment traité, mais qui prend ici une tournure assez radicale. Dans cette intrigue sous forme d’enquête à propos d’un assassinat d’un policier, les différentes lectures de cet événement, un peu à la manière d’un Rashomon, vont progressivement dévoiler la porosité des frontières entre les représentants de l’ordre et ceux contre qui ils sont censés lutter.
La question de l’infiltration, thème romanesque et tragique s’il en est, ne cède à aucune mystification : par le biais de l’addiction aux drogues dures, elle présente le monde criminel comme un enfer dans lequel on ne peut plonger sans en subir les ravages. C’est dans ce regard sans concessions que Narc trouve sa patte et sa singularité. Soutenu par des comédiens tout à fait convaincants dans ces rôles d’écorchés vif, le récit est une descente qui explique à quel point la vérité n’est ni bonne à trouver, ni souhaitable pour ceux qui survivent.
Dans cet objectif naturaliste, les choix de mise en scène sont déterminants. Après un prologue ultra documentaire imposant une course poursuite en caméra à l’épaule, l’esthétique s’égare un peu dans des traitements censés refléter la radicalité des sujets. Si le choix des split-screens pour l’enquête est assez amusant et plutôt pertinent pour donner à voir la simultanéité de l’action policière collective, le maniérisme (gros grains, saturation de bleu) des flash-back est contre productif. Le point d’équilibre est de ce fait un peu difficile à trouver, mais ces excès ne contaminent finalement qu’une portion congrue du récit.
Face au déterminisme de la misère, l’homme de loi semble devoir renoncer : soit à réussir, soit à rester du côté de la morale. Le tableau est noir, le propos misérabiliste, mais souvent crédible. Les rôles féminins montrent ainsi des victimes collatérales qui, régulièrement, rappellent aux hommes que la fuite en avant par la destruction n’est pas la seule option envisageable. Mais l’ironie de l’intrigue fait que ce sera précisémment l’une d’entre elle qui sera à l’origine de bien des dérapages.
La résolution de l’enquête est en cela tout à fait fidèle au propos, et ne permet aucune échappatoire : pour le personnage de Liotta, il ne s’agit pas de couvrir un meurtre, et par conséquent d’être hors la loi, mais de déguiser un suicide, par fidélité à la réputation d’un homme. La vérité, c’est une fois encore l’âpreté de l’échec.
La rigueur assez redoutable de cette intrigue maintient donc une ligne de crête : on excuse bien quelques circonvolutions visuelles qui ne démentent pas un propos sans concession sur les bas fonds de la société humaine.
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Créée
le 31 mars 2018
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