Pour son dernier film, Claude Sautet tourne là un bien joli long métrage tout en délicatesse sur les relations humaines. Le réalisateur s’intéresse à l’histoire ambiguë et tendre entre un homme riche, âgé, travaillant auparavant dans les affaires et une jeune femme, dépendante financièrement, et qui va l’aider à écrire son prochain livre racontant sa vie de magistrat à l’étranger. A l’instar d’un cœur en hiver, on retrouve cet environnement parisien , très citadin, ce café où l’on boit un petit cognac pour délier les langues, ces ruelles bondées, un grand appartement mondain se vidant au compte de goutte de toute une bibliothèque à l’image du passé de son propriétaire, qui au fil des rendez-vous, au fil des minutes passées avec Nelly, va se confier, se décrire pour se retirer un poids d’une partie de sa conscience, expliquer ses affaires, sa relation conflictuelle avec sa fille et le mari peu aimant qu’il a été. Un jeu du chat et de la souris s’instaure entre deux vagabonds de l’amour. A partir du moment où elle quitte son mari et qu’elle s’amourache gentiment d’un éditeur, cette liaison tumultueuse va prendre un chemin plus tortueux. Les enjeux deviennent plus personnels, mais il est difficile de déceler la nature de leur lien, à savoir s’il est amoureux, platonique, amical ou même père/fille. Pendant qu’il lui raconte sa vie de façon indirecte en lui dictant le manuscrit de son livre, il lui demande de s’ouvrir à lui. Ce lieu de travail, cet appartement, devient comme un isoloir, une tour d’ivoire, un lieu de refuge pour se rapprocher, mieux s’appréhender. Emmanuelle Beart, elle, toujours aussi radieuse, capte l’auditoire par sa voix cotonneuse, son regard souvent rempli d’une malice délicate et d’une gravité pertinente. Monsieur Arnaud est un homme un peu austère, à la sociabilité directe et abrupte à l’image de leur première rencontre où il lui propose de combler ses dettes, de façon soudaine et presque inopportune. La finesse des dialogues, le charme des situations, permet de n’être jamais dans le trop plein, on en sait assez pour les comprendre, et au final trop peu sur eux pour les juger ou rentrer en totale dérision face leur choix de couple. Michel Serrault, impressionnant de retenue, est parfait de son rôle, écrasant d’une solitude latente et omniprésente. Comme souvent chez Sautet, on est touché par cette pudeur, faisant du cinéaste un excellent portraitiste et laissant se dévoiler la vérité d’un simple regard dans le vague.
Velvetman
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le 8 mars 2014

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