S'il faut avouer que l'idée d'adapter les dangerosités des jeux en ligne est souvent reprise, les films qui en résultent ne sont souvent que de piètre qualité ou assez boudés du grand public. Sorti en 2016 en France, Nerve tente à son tour de dépeindre une société consommatrice et addict au jeu au point que le virtuel l'emporte sur le réel. Réalisé par le duo Ariel Schulman et Henry Joost surtout connus pour avoir dirigé Paranormal Activity 3 et 4, le film est porté par ses deux acteurs principaux Emma Roberts et Dave Franco (que je considère à juste titre comme nouveaux jeunes acteurs d'Hollywood).


Nous sommes en 2020 et un nouveau jeu fait fureur à travers le monde : Nerve. Fonctionnant sur un système démocratique de joueurs et de spectateurs, ces derniers proposent des défis aux premiers contre des sommes d'argent plus ou moins importantes. Il est cependant interdit d'abandonner ou d'échouer sous peine de perdre l'argent gagné jusqu'ici. Vee, une adolescente assez réservée, décide de changer sa vie en participant au jeu en temps que joueuse. Elle se retrouve alors pris dans la grande course imposée par les spectateurs et Ian, un autre joueur bien décidé à s'emparer de la première place du jeu.
L'idée de base est plutôt simple mais amène déjà beaucoup d'idées de scénario et de mise en scène. L'idée de faire s'interagir les joueurs et les spectateurs avec des sommes d'argent n'est pas sans rappeler les dons effectués sur les streams en ligne. Le film ne se contente pas alors de critiquer uniquement les jeux en ligne mais aussi la société voyeuriste et prête à tout pour pimenter ses soirées, quitte à en oublier qu'il s'agit de véritables vies en jeu. L'autre grande idée mise en avant est la notion de pouvoir contrôler sa vie, échapper au cycle sans fin du métro-boulot-dodo grâce aux nouvelles technologies. Dès le début du jeu, la phrase "Êtes-vous un joueur ou un spectateur ?" fait directement écho au train de vie que souhaite adopter le personnage de Vee. Comprenez-ici que le jeu n'est qu'une simple sortie sur l'autoroute de la vie monotone du personnage principal.


Le scénario se déroule cependant assez facilement : les défis sont de plus en plus gros, de plus en plus risqués et on ne tarde pas à comprendre que le jeu va dégénérer et rattraper la réalité lors d'un point culminant trop facile à prédire. Et il s'agit peut-être du gros défaut du film : il ne surprend pas. Certains plans et défis sont certes très impressionnants et vous coupent le souffle mais tout est bien trop gentil. Si Nerve n'était pas tout public, le jeu irait beaucoup plus loin et dépeindrait alors les véritables vices de la société


J'ai toujours eu un problème avec Emma Roberts. La jeune fille a clairement beaucoup bénéficié de la réputation et influence du milieu pour se faire sa place mais se retrouve depuis plusieurs années à incarner la "pétasse un peu agaçante" dans chacune de ses séries. Il s'agit certes d'un rôle qu'elle tient parfaitement mais qui ne lui laisse clairement aucune manoeuvre pour dévoiler son talent d'actrice. Dans Nerve, ce rôle est déjà occupé et nous assistons alors à Emma Roberts dans un rôle plus simple voir cliché : celui de la fille un peu coincée qui cherche à sortir de son train-train quotidien. Le job est fait, mais ce ne sera pas dans Nerve que vous vous direz "Emma Roberts joue vraiment bien". J'attend donc toujours une sorte de révélation pour la jeune fille.
Dave Franco quand à lui m'est plus inconnu. Il faut dire que l'acteur n'a "que" 10 ans de carrière derrière lui. Ici il incarne Ian, un adolescent joueur à la fois dans le jeu et dans la vie et cela se ressent à l'écran. Dave Franco semble vraiment prendre son pied à plusieurs moments du film et c'est un acteur que je suivrai avec bien plus d'attention à l'avenir.


Un petit mot sur la réalisation que j'ai trouvé très bonne. L'introduction est originale et nous plonge rapidement dans l'univers branchée 2.0 du film. Grâce aux profils Facebook, Skype, etc... On comprend rapidement qui sont les personnages et comment pensent-ils. Une mise en scène que l'on retrouve dans le générique de fin plutôt stylisé aux couleurs d'autres sites et applications comme Soundcloud ou Google Chrome. Le film se veut alors 2.0 dans son scénario mais aussi dans ses choix de mise en scène, rappelant à plusieurs occasions les pseudos des joueurs ainsi que le nombre d'entre eux sur la carte.
Petit point pour la photographie qui est aussi bien réalisée, certains plans jouant parfaitement avec la lumière et les néons, on aimerait bien arrêter le film pour les admirer davantage.


Voilà, le film ne fera certainement pas un tabac pour son thème relativement peu commun mais mérite un véritable film qui dépeint la société ainsi que les travers des jeux en ligne en réalité virtuelle. Pour ça, Nerve fait le job et c'est tout ce qu'on lui demande.

Silent-heal
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 31 août 2016

Critique lue 915 fois

Silent-heal

Écrit par

Critique lue 915 fois

D'autres avis sur Nerve

Nerve
fastdoggo
3

L'internet c'est le mal

ATTENTION, je ne juge aucunement l'histoire du livre, dont je viens à peine d'apprendre l'existence, je critique exclusivement le film Amateur de teen movies plein de clichés américains ? Ce film va...

le 26 août 2016

57 j'aime

20

Nerve
Marion_Paquet
8

C'est comme quand tu regardes un film d'horreur et tu dis aux personnages "Mais non, ne fais pas ça!

Ma première impression de Nerve après avoir vu la bande-annonce franchement pas terrible était de me dire "Ce film a l'air okay...mais genre, je payerai pas pour aller le voir quoi". Alors...

le 16 août 2016

30 j'aime

1

Nerve
Vorthil
8

Fallait pas utiliser un Mac [Sans Spoiler]

Nerve, le résumé Je sors du cinéma et pour vous résumer le film, c'est l'histoire d'une fille coincée (1 point stéréotype) qui vois sa copine bimbo (1 point stéréotype) jouer à Nerve et montrer ses...

le 6 sept. 2016

26 j'aime

2

Du même critique

Suicide social
Silent-heal
8

Essaies d'écrire des bonnes paroles avant de la prêcher !

Si vous en doutiez encore, je ne suis pas du tout adepte de la musique rap si ce n'est les grands classiques du genre à savoir Eminem ou Soprano de temps à autres. Mais plus j'écoute OrelSan et plus...

le 23 janv. 2012

24 j'aime

1

Resident Evil 6
Silent-heal
7

No Hope Left

Et de 6 ! Après un très (trop ?) critiqué "Resident Evil 5" résolument orienté action, Capcom décide de continuer à alimenter sa sage dramatic horror (qu'il faut l'appeler maintenant et non plus...

le 30 sept. 2012

17 j'aime

5

Noob
Silent-heal
6

To web or not to web

Aaaah, le web... On y trouve des tonnes de choses depuis son apparition, allant du gros délire aux véritables oeuvres d'art, certains se sont même risqués à en faire leur carrière. Non je ne parlerai...

le 10 janv. 2013

15 j'aime

1