Une comédie pas aussi clinquante que Neuilly
Avec un tel titre, on sait déjà à quoi s’attendre ! Au suivi d’un représentant de banlieue qui va se retrouver pour une raison X chez les bourgeois. Et paf, choc des cultures ! Avec un lot de clichés assurés, de personnages déjà vus et de situations reprises d’autres films. Bref, rien de bien original sur le papier de cette comédie française. Mais vous allez voir que Neuilly sa mère ! réserve son lot de surprises qui aurait pu (je dis bien « aurait pu ») le démarquer des autres films du genre.
Premièrement, lors d’un choc des cultures, c’est plutôt le côté dit « minoritaire » (les pauvres, les étrangers) qui doivent s’habituer à leur nouveau milieu tout en s’en prenant plein les dents niveaux vannes et gags. Avec ce film, c’est l’inverse. Même si le personnage principal, petit garçonnet de banlieue obligé de vivre quelques temps chez sa tante à Neuilly, doit s’intégrer à e nouveau mode de vie, le scénario est écrit de telle façon qu’il donne l’impression que ce sont les bourgeois qui doivent s’habituer à lui. D’ailleurs, ce fait sera souligné par une simple réplique, « Vous avez de la chance d’être dans cette école, mais faites un effort pour vous intégrer », qui casse en quelque sorte le cliché des chocs des cultures.
Du coup, avec cette inversement, ce sont les bourgeois qui en prennent pour leur grade ! Représentés par des personnages totalement tarés (n’ayons pas peur des mots) : un père fort sympa qui pique une crise quand on coupe une salade avec un couteau, des sortes de racailles qui se la pètent en écoutant du rap alors qu’ils agissent comme de vulgaires gamins (souvent en pleurs) lorsqu’ils souffrent (d’une blessure physique ou bien se sentant menacés par de véritables caïds), une fille qui ne pense qu’à l’écologie et à l’humanitaire au point de vouloir se marier avec les hommes en situations irrégulières pour pouvoir les aider… Sans oublier le « cousin » (n’ayant en réalité aucun lien de parenté) du héros, un simili Nicolas Sarkozy junior qui ne rêve que d’élections et de campagnes (au point d’avoir dans sa chambre des posters de chaque président).
Et c’est par le biais de ce personnage que Neuilly sa mère ! trouve une toute autre dimension dans la comédie : la moquerie politique. Par le biais de ce protagoniste, le film en profite, indirectement, pour balancer quelques blagues concernant l’ancien Présidents mais aussi sur la politique en général : il met des talonnettes, trahir ses amis pour réussir en politique, « étudier plus pour réussir plus »… Tout un ensemble de situations bien placées qui se mélangent à des répliques plus clichées sur le choc des cultures, mais qui fonctionnent comme il faut. Le petit éclat de rire est souvent assuré !
Il faut dire aussi que les comédiens s’en sortent bien aussi. Notamment le petit Samy Seghir et son « cousin » Jérémy Denisty, dont l’interprétation sonne toujours juste, n’allant jamais dans l’excès (alors que par moment, le scénario leur demande de dépasser cette limite). D’ailleurs, l’intégralité des jeunes comédiens s’en sortent (Chloé Coulloud, Joséphine Japy, Mathieu Spinosi…). Du côté des adultes, c’est plutôt en mode guest stars qu’on les voit apparaître à l’écran. Ce qui rend délectable certaines surprises, comme de voir Éric & Ramzy, François-Xavier Demaison, Oliver Barroux, Valérie Lemercier, Josiane Balasko, Michel Galabru ou encore Pierre Ménès. Tant de célébrités pour quelques secondes pour certains, dans un film qui n’avait pas spécialement d’envergure à première vue. Mais si l’on devait retenir l’un de ces comédiens, c’est la tante du héros, interprétée par Madame Éric Cantonna : Rachida Brakni. Naturelle au possible, rien que ça !
Mais bon, il ne faut pas trop se faire d’illusions : Neuilly sa mère ! est très loin d’être une bonne comédie. Si elle fonctionne pourtant, quelques détails viennent pourtant l’entacher, l’empêchant de grimper aux côtés des hits du genre. Comme ce scénario qui ne va pas plus loin que son postulat, ne cherchant qu’à faire rire au lieu d’intégrer dans tout ça un message, une morale. Des personnes me diront sans doute le contraire, mais si message il y a, il se montre ici obsolète (vu que le thème a déjà été abordé maintes et maintes fois au cinéma mais également en littérature). Du coup, il ne sert que de prétexte à une comédie qui vise à divertir, pas plus ! Sans oublier que Neuilly sa mère ! use jusqu’à la corde la plupart de ses trouvailles (le « cousin » en mode Sarkozy), les rendant sur la fin quelque peu lourdingue et moins efficace. Un humour qui perd de sa puissance quand celui-ci va dans le n’importe quoi. S’il était justifié à chaque séquence, la fin se montre tout bonnement impardonnable : le héros convoqué chez les principale pour être expulsé mais qui retrouve les responsables de son malheur, des voyous venus plaider sa cause en justifiant « On vole, on fait du mal aux gens et tout, mais jamais on veut provoquer l’expulsion d’un élève ». Et à partir de cela, c’est une grande amitié qui naît… Un dénouement totalement grotesque qui foire l’esprit du film, donnant l’impression que ce dernier à finalement été fait à la va-vite. Et que si les répliques font mouche, c’est qu’il s’agit plus du fruit du hasard qu’un réel travail d’écriture (d’ailleurs, l’auteur du film, Djamel Bensalah, le montrera en réalisant plus tard le désastreux Beur sur la Ville). Douloureux constat…
Au final, Neuilly sa mère ! est une comédie qui saura faire rire et passer le temps. Mais qui ne restera pas dans les mémoires, la faute à ne pas suffisamment surprendre le spectateur, comme le fera plus tard Intouchables (film à la fois hilarant, touchant, émouvant et puissant dans son propos). Rigolo, surtout quand on s’attendait au pire à la vue du titre, mais sans aller plus loin.