Neuf ans après le sympathique et dispensable Neuilly sa Mère , voici donc la suite pas vraiment attendue toujours réalisé par Gabriel Julien-Laferriére et scénarisée par le duo Djamel Bensalah et Marc de Chauveron. Les enfants sont donc devenus grands tout le contraire du film qui semble lui être devenu totalement puéril à force de vouloir encore plus forcer le trait d'une caricature qui était déjà à la base pas la plus fine qui soit.
Après la gamin de banlieue contraint d'aller vivre à Neuilly chez les bourgeois c'est donc aux petits bourgeois ruinés financièrement par la politique de François Hollande et moralement par la défaite de Sarkozy de devoir migrer vers la banlieue morose de Nanterre.
Le premier Neuilly sa Mère possédait une certaine fraîcheur et candeur sans doute par le fait que les protagonistes étaient des enfants et que l'on pouvait adhérer plus facilement à leurs comportements caricaturaux dictés par un besoin de ressembler et se fondre jusqu'à l'exagération à des modèles politiques , sociaux et familiaux d'adultes. Les personnages sont devenus maintenant plus grands mais les ressorts de comédies eux n'ont pas muris pour autant et j'ai même l'impression qu'ils sont devenus plus puérils, plus faciles et plus bêtement mécaniques. Neuilly sa Mère, sa Mère ! tente de dresser une caricature de son époque et multiplie les références plus ou moins bien vus dans une sorte de gloubiboulga indigeste dans lequel se bouscule ubérisation , migrants, discrimination positive, radicalisation, fraude fiscale et satire politique digne du bistrot du commerce. On pourra toujours dire que le film ose rire de tout mais en restant systématiquement à la surface des choses et en parlant à peine de problèmes complexes le temps d'un petit gag foireux et souvent pas drôle, on a surtout la sensation que le film coche une liste des problèmes de société à évoquer pour faire dans l'air du temps et vaguement politiquement incorrect. La finesse de la caricature politique et sociale se limite en gros à dire que les républicains sont des escrocs en col blanc, le R.N. des racistes, que le partie En Marche est géré comme une start-up, que les écolos s'achètent avec une piste cyclable et que la banlieue est un endroit formidable qui n'a pour véritables problèmes que des soucis d'ascenseurs en panne ... Autant dire qui niveau mordant de la satire on est plus proche du vieux chiwawa édenté d'une mémère de Neuilly que du pitbull enragé d'un caïd de banlieue. Le film est lourdingue, maladroit, caricaturale et manichéen et la satire finit par s'enliser irrémédiablement dans un magma informe de médiocrité. Le film s'offre de nombreux caméos sauf qu'en théorie ses petites participations amicales sont censés offrir une agréable surprise aux spectateurs en retrouvant des célébrités dans des petits rôles ou de courtes apparitions ;mais là franchement qui va se réjouir de voir Julien Drey, Arnaud Montebourg ou Jean-Jacques Bourdin ??? Par charité chrétienne je retiendrai simplement comme élément positif le court rôle de Valérie Lemercier qui joue avec toujours autant de délectation la bourgeoise qui balance des grossièretés .
Après la mairie Nanterre nul doute que Charles de Chazelle visera plus haut dans un prochain épisode qui devrait s'intituler Neully Sa Mère, sa Mère, Sa Mère ! ; mais cette fois ci se sera sans moi évidement .