Quand un rêve de gosse se réalise, cela devient un plaisir partagé

Avant de commencer cette critique, il est important de noter deux choses en ce qui concerne mon point de vue. La première étant qu’hormis des vidéos de Youtubeurs nostalgiques ou bien d’échos traversant les âges, je n’ai jamais vu un seul épisode de l’animé Nicky Larson, ni lu un seul tome du manga dont il est tiré (City Hunter). Même si je sais que le concept est de suivre les enquêtes d’un détective privé, pervers sur les bords. Et si je ne me suis jamais vraiment penché dessus, c’est tout bonnement parce que ce n’est pas de mon époque. Ce qui fait une transition idéale pour la seconde chose à soulever : je ne connais pas non plus le Club Dorothée, si cher à beaucoup de gens ayant vécu leur enfance dans les années 90 (pour moi c’était plus à la fin de cette décennie ainsi que les années 2000). Pour le coup, vous comprendrez pourquoi je vais aborder la critique de Nicky Larson et le Parfum de Cupidon pour ce que le film est, à savoir une comédie d’espionnage bien cartoonesque. En prenant en compte le fait d’avoir déjà vu les autres films de Philippe Lacheau (Babysitting 1 et 2, Alibi.com).


Et franchement, je ne suis pas déçu du résultat, tant Lacheau reste fidèle à lui-même et à son équipe avec cette nouvelle réalisation. À l’instar de ses longs-métrages précédents, à savoir une petite intrigue (à la poursuite d’un parfum en guise de filtre d’amour) prétexte à toute une série de gags et situations comiques. Des moments qui enchainent comme d’habitude de l’humour sur le papier graveleux ou bien trop enfantin mais qui, grâce à l’esprit de La Bande à Fifi, parvient tout de même à faire mouche. Comme une Pamela Anderson éjectée comme une masse hors du lit, un crabe pinçant les parties intimes de notre héros, une belle-mère sur le point de violer son gendre, la séquence d’introduction (un corps-à-corps lors d’une opération chirurgicale avec un homme nu endormi) ou encore un ennemi abattu par un jet de poussins à la soufflerie. Rien que de décrire brièvement ces scènes, cela donne l’impression du niveau de gaminerie de l’ensemble. Mais encore une fois, on se surprend à se marrer de bon cœur à tout cela. Une efficacité que nous devons une fois de plus au sens humoristique de son auteur (son écriture, le découpage de son film, le casting qui se lâche…). Et pour ce film, au côté pleinement assumé qu’il lui offre, allant à fond dans le n’importe quoi cartoonesque et la parodie du genre espionnage.


Et dans tout ce qui semble être le foutraque d’un grand enfant voulant amuser la galerie, on reste étonné de voir à quel point le bonhomme a également le sens de la réalisation. Sachant donner de l’ampleur à la moindre des séquences d’action qu’il propose (bastons, fusillades, courses-poursuites…), jonglant entre caméra fluide et ralentis bien dosés. Allant même jusqu’à innover dans le genre en mettant en scène une de ces scènes en plan séquence, vue à la première personne (à l’instar de Hardcore Henry). N’ayant pas peur d’user d’artifices a priori lourdingues (musique excessive, mise en scène tape-à-l’œil, bruitages grotesques…), ce qui, allié à l’efficacité du film, permet de surenchérir l’esprit cartoonesque de celui-ci. Oui, Philippe Lacheau ne fait clairement pas dans la dentelle et refait ce qui se fait habituellement dans la comédie française. Mais alors que le genre accumule les navets et bousaces sans nom, lui, parvient à livrer un produit qui fonctionne comme il faut. Peut-être pas de manière exceptionnelle, mais suffisamment bien mené pour nous divertir et assurer le spectacle comme il faut.


Mais là où ce Nicky Larson prend tout son sens, c’est par l’amour inconditionnel que lui vaut Lacheau. Même si l’animé et le manga nous sont inconnus, cela se voit que le cinéaste vient de réaliser un rêve de gosse. Un fantasme de petit garçon qui a pris son pied en embarquant son équipe dans l’adaptation d’un dessin animé l’ayant marqué durant son enfance. Et qu’une fois ce rêve à portée de main, il s’est totalement lâché pour faire un film qui reprend ce qui faisait le charme de l’animé (beaucoup de références y sont faites ainsi qu’au Club Dorothée) tout en y imposant sa patte humoristique. Et là, on peut dire que Le Parfum de Cupidon est une adaptation réussie, le titre parvenant à satisfaire les fans autant que les néophytes.


Car que l’on connaisse ou pas Nicky Larson (ou le manga City Hunter), la nouvelle comédie de Philippe Lacheau est un amusement partagé qui se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. Certes, ce n’est pas la meilleure comédie du siècle. Et pas sûr que qu’elle reste dans les mémoires. Mais elle a au moins le mérite de ne pas nous prendre pour des abrutis, d’aller à fond dans ce qu’elle prétend être et de nous divertir comme il se doit. Je rajouterai pour le coup que Lacheau, avec son long-métrage, m’a donné envie de me plonger un peu plus sérieusement dans l’univers de Nicky Larson. Autre preuve que niveau adaptation, Lacheau a su parler à tout le monde dans sa manière de partager son rêve de gosse.


Critique sur le site --> https://lecinedeseb.blogspot.com/2019/02/nicky-larson-et-le-parfum-de-cupidon.html

Créée

le 13 févr. 2019

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