Ryō Saeba est japonais mais on ne le dirait pas : rebaptisé Nicky Larson en France dès sa première apparition animée, il est devenu sur grand écran Niki avec Jackie à Hong Kong puis Mumble dans un film sino-canadien, et maintenant Fifi avec Philippe Lacheau pour son retour en France. Alors, doit-on craindre une trahison à la Scarlett Kusanagi ou rêver d’une combinaison façon Ulysse 31 ? Filippe s’est teint les cheveux en noir mais ça ne va pas suffire, d’autant qu’il a annoncé vouloir réaliser un rêve d’enfance sans décevoir la génération Dorothée, et que ce programme associé à son humour potache risque de l’éloigner quelque peu du sujet. D’ailleurs, la diffusion de la bande-annonce a été suivie de l’apparition de #Uneréalisationphilippelacheau, et même si une opinion démultipliée n’en devient pas pour autant une information ni une critique, il est difficile de rapprocher cette réaction internautique de l’approbation du projet par Tsukasa Hōjō, le mangaka de City hunter dont les propos étaient tout de même équilibrés : « Philippe Lacheau n’a absolument pas trahi mes attentes. Il a pris la globalité de l’œuvre pour construire son scénario. »
Il faut admettre qu’une adaptation peut être une francisation dans la lignée des doublages de l’époque Récré A2, avec plus de James Bond pour de rire que de Dirty Harry pour de faux, et en contrepartie de cette signature au bas du contrat, le spectateur souffrira d’autant moins qu’il est aidé par une double série de marqueurs et de références : de la masse de 100 tonnes à l’oiseau qui passe sur un graffiti ou à la fin, à côté des Ranma ½, Golgoth et autres Musclés. Il faut aussi faire abstraction des gags sexuels, même s’ils ramènent à ce qui avait été édulcoré dans l’anime, et dès lors, le MacGuffin paraît particulièrement bien choisi, puisqu’il s’agit d’un philtre d’amour qui détourne Nicky de son obsession pour les filles en révélant son attachement à sa partenaire. Si la mise en scène est inégale, en réussissant mieux le balais de balles final que la séquence en vue subjective, et si certaines situations semblent empruntées à une vieille tradition, notamment le coup du lit roulant rappelant Le cerveau, l’ensemble trouve son efficacité dans le rythme. Le casting est lui aussi inégal, au point que les personnages de Pancho et Skippy semblent avoir été créés pour y inclure Boudali et Arruti, mais il réunit le tuteur de Babysitting à Dorothée et Cesarini, et si Fifi n’a pas augmenté son niveau de jeu depuis Alibi.com ou paraît mal à l’aise dans le registre sérieux, il est plus proche du personnage que ne l’a jamais été Jackie.
Pour public averti (et qui se rappelle que les madeleines comme Hokuto no Ken n’ont aucun goût en version originale) : Nicky Larson et le parfum de Cupidon (2019) de et avec Philippe Lacheau (qui ne travaille qu’en bande et c’est une limite, même si donner le premier rôle féminin à sa copine était un bon choix), mais aussi et encore avec Didier Bourdon (qu’on aimera philtre ou pas, d’autant qu’il fait le lien avec le cinquième épisode de l’anime)
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure