Si l'explosion de la VHS et des vidéoclubs dès le début des années 80 va largement profité à la popularisation du cinéma horrifique, elle va aussi engendrer un nouveau type de petites productions tournées directement non pas pour le cinéma mais pour le petit écran. Cette même période correspond à l’exposition et l'âge d'or de la firme Troma qui se fera justement spécialiste de la distribution et parfois la production de ce type de film à petits budgets appelés DTV (Direct To Video). C'est ainsi qu'en 1986 Troma propose en VHS Nightmare Weekend un film d'horreur qui bien que parsemé d’idées malignes réussit à être largement bien plus con que la moyenne et offre un spectacle assez sidérant de bêtise absolument WTF.
Alors dans les grandes lignes Nightmare Weekend raconte l'histoire d'une expérience scientifique mené depuis un ordinateur sur trois innocentes jeunes femmes, cobayes involontaires, venues passé le week-end dans une somptueuse villa en Floride (jusqu'ici ça va encore). A partir d'objet personnels qui se transforment en boules métalliques volantes qu'elles avalent de force et malgré elles, les jeunes femmes sont censés voir leurs comportements modifier radicalement avec l'espoir pour nos savants fous de soigner ainsi des maladies mentales (déjà ça part un peu en quenouille). Forcément rien ne va se passer tout à fait comme prévu et les bouboules vont finalement transformer un peu tout le monde en zombies.
Même si ça n'excuse pas tout Nightmare Weekend va connaître une production des plus chaotique entre États Unis, Angleterre et France avec des engagements financiers non respectés, des réécritures de script, deux scénarios l'un en français l'autre en anglais, Bachoo Sen un producteur indien plutôt porté vers l'érotisme et un réalisateur de film de boules (pas métallique cette fois) appelé à la rescousse après le refus (fort avisé) de Norman J Warren de participer au naufrage. Car oui c'est bien un français qui va réaliser Nightmare Weekend en la personne de Henri Sala dont la filmographie essentiellement sous pseudonymes est un doux poème, une tendre invitation aux charmes délicats du romantisme à la française avec des titres tels que Miss Trouduc, Retourne toi c'est meilleur, Les grandes pompeuses, C'est la fête à mon cul ou Arrête tu me déchire … Avec une telle association producteur réalisateur on ne sera pas surpris de constater que Nightmare Weekend est tout aussi bassement et vulgairement érotique que parfois horrifique. Effectivement on nique beaucoup lors de ce week-end cauchemardesque dans une ambiance eighties bien kitchouille avec rollers, aérobic, walkman, loubards avec bracelets de force cloutés , machos à moustaches en marcel, shorts satinés le tout rythmé par une bonne soupe musicale synthétique. Y-a même un type qui passe presque tout le film à se dandiner avec un baladeur sur les oreilles comme une petite Haïtienne sur la plage avant d'un bagnole. L'histoire atteint parfois un tel niveau dans le n'importe quoi qu'on en voudrait presque pas à Henri Sala(ce) de se sentir seulement un poil plus impliqué sur les scènes de cul que sur tout le reste du film. Car le court résumé que j'ai tenté de faire du film est loin d'en définir toute la magnifique connerie.
En plus de notre super ordinateur générateur de billes de flipper métalliques et volantes capable d'altérer les comportements, la fille du scientifique possède un super ordinateur avec une intelligence artificielle prénommé George qui a la forme d'une marionnette à main et parlante (oui ça fait beaucoup d’information d'un coup). Alors oui c'est con mais on est pas loin d'avoir l'un des premiers films avec une intelligence artificielle qui déraille, même si avec sa bouille ronde et ses cheveux elle à la forme d'un pantin échappé d'un programme pour gosses. Après quand je regarde la triste face de mon assistant google et que je vois ça , je me dis comme souvent que le futur c'était mieux avant. En tout cas George il est capable de définir la meilleure tenue pour être sexy, d'analyser un comportement pour en déduire que l'on est amoureux et quand la jeune fille du scientifique se lance dans une partie du classique du jeu d'arcade de Sega Turbo sur son super PC, cela va influencer le comportement d'une vraie voiture qui part d'un coup dans de folles embardées en accélérés ( Mais pourquoi ??). Mais revenons à nos boules magiques volantes (Peut être mollement inspirées par Phantasm) car elles ont des fonctions et des capacités assez surprenantes, pour être ingurgité non seulement elles volent, mais se transforment en glaçon, se dissimulent dans du sucre en poudre, s'introduisent dans un tube de dentifrice et se cachent dans des dessous féminins qu'un abruti viendra forcément sniffer avant de se faire attaquer par la petite culotte. Quant à la finalité de l'expérience elle restera assez obscure car si au départ on change un chien agressif en gentil toutou, cette fois ci on change des jeunes filles un peu naïves et chaudes de la cuisses en mutantes agressives et toujours un peu chaudes de la cuisses. On aura tout de même une fille qui déteste les araignées et qui après avoir ingurgiter la bouboule magique fera des petits câlins amoureux à une tarentule. Quant aux effets secondaires ils sont multiple, chute de cheveux, gueule de travers, agressivité, transformation en zombie dégoulinant de slime vert fluo, agressivité, pourrissement des chicots et j'en passe . Niveau horrifique c'est rudimentaire mais c'est plutôt rigolo et même parfois assez gore ce qui rend le film pas si antipathique que ça. Même si la quasi intégralité du film sera post synchronisé à posteriori par d'autres comédiens et que la plupart des acteurs et actrices disparaîtront très vite de la circulation le casting du film est assez amusant puisque l'on y retrouve quand même Robert John Burke (Robocop 3 – Le Souffle du démon), Dale Midkiff (Pet Semetary) ou Andrea Thomson (Babylon 5).
Nightmare Weekend est un bon petit nanar, le genre de film tellement fou et mal exécuté qu'il ne pourra que prêter à rire devant tant de bêtise surréaliste. Entre les attaques de petites culottes, la marionnette ancêtre des assistants numériques et les boules de flipper volante j'ai carrément oublié de parler du type qui picole en cachette dans un bar en dissimulant une petite bouteille entre deux tranches de pain de mie (Non ne me demandez pas pourquoi), comme quoi on est jamais au bout de ses surprises avec ce genre d'objet visuel foutraque et non identifié.
Ma Note Nanar : 07/10