Night Choc(h)otte

Débarqué sur la plateforme Shadowz , Night Shot était sur la papier un concept intriguant de found footage français tourné en un seul et unique plan séquence de 90 minutes. Intriguant mais aussi particulièrement casse gueule tant ce sous genre du cinéma d'épouvante semble avoir atteint depuis longtemps déjà ses limites et que l'aspect technique n'est finalement qu'un argument très secondaire pour qui souhaite avant toutes choses qu'on lui raconte une bonne histoire.

Night Shot c'est donc le récit d'une jeune blogueuse adepte d'urbex, contraction des mots urbaine et exploration, qui part en pleine nuit avec son cameraman pour explorer un immense ancien sanatorium abandonné à la frontière allemande. Le concept de son émission est une exploration en temps réel durant laquelle la caméra ne coupe jamais ...

Contrairement à de nombreuses critiques que j'ai pu survoler ici ou là , Night Shot est un film qui ne m'accroche que durant sa première partie à savoir celle durant laquelle il ne se passe presque rien. A mesure que le film avance ces indices avec la finesse d'un pachyderme et qu'il devient de plus en plus démonstratif il me perd en tant que spectateur au point de n'avoir plus qu'un regard distant, froid, critique et même un peu moqueur et cynique. J'aime donc plutôt bien toute la première partie du film qui met en place les enjeux et la mécanique même du film avec donc cette profession de foie de toujours filmer quoi qu'il arrive. La jeune comédienne Nathalie Couturier assure sur un registre très naturelle et incarne une blogueuse parfois agaçante en quête de sensation forte plus vraie que nature. Le film exploite aussi à merveille son lieu de tournage qui est le Sanatorium d’Aincourt véritable endroit réputé pour être hanté. Rien de novateur ni d'extraordinaire mais la découverte de ce lieu inquiétant, l'excitation des personnages, la présentation du lourd passé de la bâtisse et l'ambiance délicieusement anxiogène suffisent à donner envie de poursuivre l'exploration de longs couloirs vides. Même si le film s'offre déjà quelques couacs comme lorsque la jeune fille se cache pour faire peur à son cameraman ou quand on active une vision nocturne qui n'apporte strictement rien on reste assez captivé par la découverte de cet espace dans lequel on cherche le moindre petit élément perturbateur à l'écran. Les plus grandes peurs se cachent dans l'invisible, l'inconnu, le noir, l'ombre, l'inconcevable, le mystère ... mais malheureusement au cinéma il faut bien trop souvent montrer de la manière la plus démonstrative qui soit pour satisfaire des spectateurs avides de tout voir.

Night shot va doucement sombrer à mesure que paradoxalement il tente d'élever le niveau de trouille au maximum. On va déjà nous expliquer de manière un peu bancal et gratuite que l'endroit abritait dans les années 50/60 un médecin qui faisait des expérimentations sur des fœtus et détectait les femmes enceintes dès le premier jour de leur grossesse y compris chez les prisonnières de guerre (Si vous connaissez une guerre dans les années 50/60 ???). Ensuite nos explorateurs ne vont cesser de trouver des indices de manière opportunes et gratuites; tiens une boîte à musique, tiens une planche de ouija, tiens une chambre d'enfant, tiens un miroir avec écrit maman, tiens un endroit de culte, tiens un fauteuil roulant, tiens un cadavre ... Le tout avec un personnage qui perd doucement ses nerfs en ayant de plus en plus mal au ventre ( on ne le dira jamais assez ne faites pas d'urbex si vous avez une gastro) ... Tout devient de plus en plus artificiel et gratuit comme lorsque l'image passe soudainement sans raison du noir et blanc à la couleur pour bien nous montrer que les tâches noires au sol sont vraiment du sang rouge vif. On pourra saluer la tentative de créer une tension avec presque rien et sans effets spéciaux mais le peu que le film nous montre est encore bien trop démonstratif à mon gout jusqu'à son final délicieusement ridicule.

Ce n'est donc pas Night Shot qui va me réconcilier avec le found footage , si la tentative reste sympathique le résultat ne se démarque pas vraiment de la masse de films du même genre en reprenant encore et toujours les mêmes codes et mécaniques des œuvres les plus emblématiques du genre que sont REC ou Le Projet Blair Witch.