Ninfa plebea est un film toujours marqué par l’audace de Lina Wertmuller. Quand elle illustre la violence des rapports humains qui régissaient, et régissent sans doute encore, la vie de petits villages aux mentalités traditionalistes, elle n’y va pas par quatre chemins même si à aucun moment, et c’est aussi la beauté de son cinéma, personne n’est foncièrement mauvais, tout juste le fruit d’une époque et d’un contexte liés. On retrouve aussi ici son aisance formelle, sa caméra est précise et même si on est loin de la beauté photographique de Film d’amour et d’anarchie, sa mise en scène est efficace.
Mais il manque à Ninfa plebea une tronche, un acteur marquant, pour incarner la protagoniste. Cette direction d’acteurs qui fit la force des autres films de Lina Wertmuller est plus en retrait dans le cas présent. Lucia Cara, du haut de ses 19 ans, fait ce qu’elle peut, mais n’a qu’un sourire attachant à proposer. Sur la distance, c’est trop peu pour accompagner un script misérabiliste qui met à ses trousses un destin farceur bien décidé à lui pourrir la vie. Un peu trop d’ailleurs, on n’est pas loin de tomber dans le trauma caricatural au fur et à mesure que les deuils se succèdent.
Sans être une bobine inintéressante, on a le sentiment que Lina Wertmuller était peut-être moins attachée à son sujet ici. En résulte un film bancal, à cheval entre conte initiatique léger et drame socio-historique plus complexe. Si certains personnages rappellent la nuance du pinceau qui servait Un destin insolite […] ou Mimi Métallo, le dénouement mielleux, la surcharge en misère et la provoc un peu facile de certaines scènes (la mort de la nymphomane est ubuesque au possible) font que je ne me suis pas impliqué plus que ça.