No Man's Land
6.8
No Man's Land

Film de Alain Tanner (1985)

Le cinéma d'Alain Tanner fait partie de cette catégorie de film qui ne payent pas de mine, infiniment modeste, mais pourtant amplement touchant, simple, beau, d'une sincérité qui touche droit au cœur.


Voilà ainsi comment on pourrait résumer No Man's land : un mélange d'une profonde beauté infiniment simple, qui touche droit à la vie, fragilité des êtres, simples en étant seulement présents au monde, debout sur leur jambes, ils vivent comme vous et moi.
Dialogues beaux comme le monde, voix qui sortent, d'une infime justesse, d'un naturel déconcertant. On a l'impression que personne ne fait d'effort : qu'ici et là, ce ne sont pas des acteurs qui jouent à jouer, mais de vrais êtres humains qui vivent dans le monde, avec leur cœur et leur tripes, leurs petits soucis d'hommes et de femmes, leur amour au fond des poches, leur gentillesse, dialogues, mots qui sortent comme des perles, d'une simplicité effarante, belle.


Ça ne paye pas de mine. Ça ne demande rien à personne. Ça ne dit trois fois rien, pas grand chose. Ça parle et ça se cherche, ça vit au fil du monde et c'est beau. Tout simplement beau. Parce que nous sommes ici en plein cœur de la plus simple vie. D'une vie contée avec espoir, espérance, poésie délicate, limpide, qui circule à pas feutré en coup de vent, avec cette petite musique qui vient embaumer le tout, comme un refrain, très furtivement, d'un air mine de rien. Lenteur qui passe, poésie contemplative, celle des mots, des êtres, des vies, des paysages de campagne Suisse, poétiques à souhaits.


Ça ne paye pas de mine. Et pourtant, on sent que c'est maîtrisé à la perfection. Le moindre plan, très simple et très beau, gros plans parfois foudroyants sur la simplicité d'un visage.


Une perle rare, un minuscule bijoux qu'il faudrait polir et cacher au fond des ses poches comme des cailloux. Minuscule pierre précieuse, enfant de porcelaine, fragilité sans nom qu'il faudrait sortir comme un secret. Parce que cette sincérité de bouts de vies qui se croisent et s'entrecroisent, cette beauté d'images aux paysages sublimes de Suisse, tout ça se fait rare, bien trop rare. D'ailleurs, dans l'univers actuel du cinéma français, la sincérité des êtres humains, la justesse des mots, des émotions, est à présent quasiment inexistante (ou alors je veux des noms, et tout de suite !).
On en redemande encore, rien que pour cette simplicité à fleur de peau. Sincérité qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais qui est plus que nécessaire, oh que oui.


Alain Tanner, c'est aussi cette époque, Suisse à la frontière de la France, campagne profonde, perdue, solitude parmi le brouillard des paysages des vies. Êtres qui se cherchent et qui se parlent, et qui se trouvent, peut-être.


Une petite perle qu'il faut déguster tendrement, puis découvrir ce cinéaste Suisse infiniment trop peu connu.


Bonne découverte à toi.


C'est qu'on peut visionner No Man's Land en toute liberté sur Youtube, ici.

Lunette
7

Créée

le 23 sept. 2015

Critique lue 552 fois

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Lunette

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