No Weight Whatsoever
Fiche technique
Synopsis : Tandis que Rosa achève de faire le ménage, Nicolas peaufine le morceau de musique contemporaine qu’il fera écouter le soir à ses amis réunis dans son appartement de Bogota. Deux sœurs vivent seules à la campagne, dans le plus grand dénuement ; après les avoir nourries, une voisine les accompagne en ville à la recherche de leurs parents disparus. Deux récits se succèdent que tout oppose et rien ne relie, si ce n’est la musique du compositeur d’origine cubaine Orlando Jacinto Garcia et l’état propice au rêve de ses auditeurs. Des vaches, aussi, qui passent d’une reproduction d’un tableau hollandais chez Nicolas aux champs et chemins de la campagne colombienne. De ces bêtes silencieuses, Mauricio Arango adopte la placidité, une distance constante du récit à l’égard des personnages et de leurs émotions, et une puissance d’immersion musicale dans le paysage. Rien ne pèse, car rien n’est supposé faire sens de part et d’autre de la césure narrative, au-delà de la pure immanence de chaque récit. Mais est-ce vraiment si léger ? Lorsque le compositeur surprend sa femme de ménage en train d’admirer le tableau d’Albert Cuyp en attendant d’être payée, c’est une autre césure qui vient au film : celle-ci qui divise un pays, un peuple entre des mondes séparés, des classes sociales et des modes d’être qui se côtoient sans rien partager. No weight : de l’apesanteur à l’indifférence, le passage existe. Arango le suggère sans l’imposer. Subtilité, mais aussi troublante duplicité, entre quiétude et inquiétude, de ce diptyque paysager. (Cyril Neyrat)