Guinée pour gagner
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le 6 oct. 2023
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Très beau film dans sa mise en scène mêlant onirisme faisant référence à l’animisme guinéen et ses scènes plus terre à terre qui montrent la réalité du terrain à l’époque de la guerre d’indépendance, renforcées par des ajouts d’archives documentaires. On y trouve aussi une certaine symbolique dans les traditions guinéennes représentées dans le film et son esthétique, par exemple les scènes de l’enfant seul dans la forêt ou encore la naissance du bébé de Nambu.
Les scènes au village, quant à elles, me font penser à celles de « Samba Traoré » d’Idrissa Ouedraogo, où le personnage principal cherche à s’accomplir et à s’émanciper de sa famille en partant de son village natal pour y revenir en héros. J’y vois aussi un point commun sur la représentation de l’influence du capitalisme et du marché dans les zones urbaines sur les motivations humaines, comment cela transforme les hommes venus des campagnes en des gens avides d’argents et de gloire égoïstes sans empathie. Même si Ouedraogo en fait un « muthos », une intrigue principale, c’est un aspect chez « Nome » qu’on voit dans la partie de l’après guerre d’indépendance.
C’est d’ailleurs dans ces 30 dernières minutes que j’ai senti que ça se cassait la gueule. Je trouve que l’écriture des personnages, au niveau de leurs évolutions, n’est pas bien réalisée. On y croit pas. Le sentiment de Nome de ne pas être reconnu à sa juste valeur, sa quête de faire de l’argent à tout prix, quitte à renier ses valeurs et ses camarades, à être dans la corruption, ça va trop vite. Ça prend pas le temps de poser les choses, de faire naître ces sentiments. L’onirisme a d’ailleurs totalement disparu, ce qui est compréhensible pcq ça rejoint le côté dichotomique aliénant de la recherche de l’accumulation de biens matériels et la religion spirituelle animiste où on attribue une âme à des choses ; mais du coup on a vraiment l’impression de voir deux films différents. Puis c’est pas pcq c’est contradictoire qu’on pouvait pas filmer cette contradiction. Y a trop de choses qu’ont voulu être racontées en 30 minutes. Même les scènes de fin que ce soit pour Nambu ou Nome font bâclées, ça se passe et on se dit « ah ok », pcq fallait déjà se remettre de l’évolution des personnages qui était super rapide, pour au final n’avoir même pas assez de temps de digérer l’info que la scène de fin arrive et voilà, pétard mouillé.
Enfin, j’ai apprécié le fait que les colons portugais ne soient pas représentés dans le film (à part vite fait dans les images d’archives). Ça permet de parler davantage de la vie et les traditions guinéennes de l’époque ainsi que de la résistance. Ça enlève le côté misérabiliste dans lequel on peut tomber. Pcq y a pas besoin de scènes comme ça, on savait que c’était atroce, on sait qui était les colons et comment ils devaient réprimés les populations, et je trouve même que le fait de ne pas les voir renforce leur ancrage et leur omniprésence dans le film, vu que l’intrigue tourne autour de ça. C’est à dire qu’on a pas besoin de les montrer pour comprendre les enjeux et les dangers. Bref ça nous prend pas pour des cons et c’est très bien.
Du coup ça fait surtout de ce film un film mobilisateur, qui filme les actions concrètes de la résistance au lieu de simplement montrer les horreurs qu’il pouvait y avoir la bas, même si on peut nuancer cela avec le fait qu’il n’y ait pas de scènes de victoires ou de représentations d’avancées de la résistance guinéenne (à part la finalité qui est l'indépendance du pays) donc j’av ca marche pas trop.
Bref le film reste bon puis qd t’es formé par des cubains et le goat Chris Marker beh forcément le résultat ne peut qu’être satisfaisant.
Créée
le 1 avr. 2024
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