Un bon vol qui finit par se dépressuriser
Trois ans après Sans Identité, voilà que le tandem Jaume Collet-Serra/Liam Neeson se reforme, pour un nouveau thriller sous pression ! Film spécialement attendu des férus de divrtissements palpitants, étant donné que le réalisateur espagnol peut se vanter d’avoir à son actif les très réussis Esther et (donc) Sans Identité. Oublions le passage par La Maison de Cire et Goal 2 : la Consécration ! Tout le monde a droit à des erreurs, non ? Espérons seulement que ce Non-Stop n’en soit pas une !
Cela fait un bon moment que nous n’avions pas vu de thriller aérien (le plus connu étant sans nul doute Air Force One, avec Harrison Ford et Gary Oldman). Le plus récent étant une « comédie catastrophe » pleinement assumée (Des serpents dans l’avion). Non-Stop répond donc à cette attente, en nous racontant les mésaventures d’un marshal de l’air (policier devant prendre un vol afin de surveiller celui-ci) qui se retrouve embarqué dans une salle affaire, menée par un mystérieux terroriste qui menace de tuer un passager toutes les 20 minutes s’il ne reçoit pas l’argent qu’il demande. Classique, n’est-ce pas ? Pas si sûr, étant donné que plusieurs détails scénaristiques sont mis en valeur pour élaborer pleinement le suspense du film : comment retrouver une personne parmi une centaine de passagers qui, sans se faire prendre (et dans un avion, qui plus est !), arrive à tuer de pauvres gens ? Et comment arrive-t-il à piéger ce cher Marshal (le numéro de compte de ce dernier, la première victime, les accusations à son égard de détournement de vol…) ?
Et c’est pour cela qu’on avait hâte de voir Non-Stop, car il se présentait sans mal comme une sorte de Dix Petits Nègres en altitude. Où toute personne se présente comme étant le coupable potentiel, même le héros, c’est pour dire ! D’autant plus que ce dernier se retrouve assez bien travaillé (le phénoménal charisme de Liam Neeson faisant le reste) et ce par le biais de quelques plans (au lieu d’une trop longue et inutile introduction). Nous le présentant dès les premières minutes, et sans un seul mot, comme étant un dépressif alcoolique qui a dû passer par une terrible épreuve pour en arriver là. Donc, d’emblée, nous sommes pris à la gorge par l’efficacité de ce thriller (même la lecture des textos titille notre attention), allant droit au but, qui ne veut plus nous lâcher jusqu’à la fin. Notamment grâce à l’efficace mise en scène de Jaume Collet-Serra, qui arrive à nous tenir sous pression en filmant auprès des personnages le plus près possible (pour intensifier le côté échappatoire des décors) et en faisant déplacer aisément sa caméra entre les rangées de fauteuils. Palpitant, cela ne fait aucun doute !
Prenant, à tel point qu’il est très facile de fermer les yeux sur certains défauts du film. À commencer par certains personnages secondaires imposés et mal exploités (notamment celui de Julianne Moore, présente juste histoire de faire douter quelques secondes et d’apporter une touche féminine dispensable à l’ensemble) qui répondent présents pour meubler le tout. Ou alors quelques invraisemblances scénaristiques (comme quand nous ait révélé la manière dont a été SPOILER !! empoisonné le pilote !! SPOILER). Qu’importe, l’ensemble est suffisamment bien mené pour que l’on fasse l’impasse sur ces défauts propres à tout divertissement hollywoodien. Même si Non-Stop commence un peu trop à verser dans les bons sentiments vers le milieu de sa trame (certains plans et la musique commençant à devenir lourdingues par moment). Ce qui le place malheureusement un chouïa en-dessous de Sans Identité. Du moins, pour l’instant…
Car, en approchant du générique, Non-Stop chute dans le grand n’importe quoi ! Le film ne perd pas autant en efficacité, mais plonge dans une crétinerie sans nom dont seul Air Force One avait le secret (le fait que le Président des États-Unis sauvait lui-même son propre avion au nez et à la barbe d’un commando de terroristes armés jusqu’aux dents). Ici, cela désire se terminer en passant par le spectaculaire, en usant d’une surdose d’effets visuels (pas vraiment réussis) que l’on n’attendait aucunement (surtout vu l’allure du reste du film, qui se contentait de cet espace en huis clos). Cela se termine par un happy end d’une mièvrerie donnant de l’eczéma sur tout le corps. Cela propose un méchant aux ambitions grotesques. Cela augmente encore plus le côté invraisemblable de l’entreprise. Cela se permet quelques séquences et effets de mise en scène que l’on ne verrait seulement, à la base, que dans des séries B d’action à la Van Damme (le flingue, via une dépressurisation, se retrouve dans les airs, à hauteur de main du héros, qui l’attrape au bon moment pour faire feu).
Pour résumer le tout : Non-Stop est un thriller palpitant et fort sympathique dans une première partie, et ce malgré quelques défauts. Malheureusement, ces derniers, plus de la moitié passée, prennent petit-à-petit le pas pour faire sombrer le film dans une avalanche d’idioties dignes d’un banal blockbuster américain. Néanmoins, pour justifier cette note, le film de Collet-Serra possède suffisamment d’atouts pour nous tenir en haleine. À la base, c’est ce qu’on voulait, non ? Ce n’est pas Sans Identité, mais cela reste un bon divertissement dans son ensemble.