Kagutaba
En voilà un found footage qui a de la gueule, un film qui se place facilement parmi les pièces maitresses du genre, réalisé par Kôji Shiraishi en 2005 Noroi a pour intention de nous narrer une...
le 19 août 2015
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En voilà un found footage qui a de la gueule, un film qui se place facilement parmi les pièces maitresses du genre, réalisé par Kôji Shiraishi en 2005 Noroi a pour intention de nous narrer une histoire de fantôme peu commune et extrêmement passionnante, d'ailleurs je ne sais pas si la légende est fictive ou non, après tout cela fait parti du mystère et c'est tant mieux (enfin j'irais surement jeter un œil sur Google après rédaction), même si on ne doute pas que les événements relatés ici soit une pure invention et non une quelconque reconstitution, ça va de soit.
Masafumi Kobayashi, journaliste japonais expert en phénomènes paranormaux disparait, sa maison a brûlée et sa femme est retrouvée morte calcinée dans les décombres, il ne laisse derrière lui qu’un colis contenant une caméra munie d’une VHS, les bandes révèlent les rushs d’une enquête sur plusieurs mois. Partant tout d’abord de petits événements étranges comme des pleurs de nourrissons entendus dans un appartement voisin, d’une fillette douée de pouvoirs de médium et d’une jeune femme ressentant une présence devant un temple perdu dans la forêt, les liens vont prendre une ampleur plus que troublante, il semblerait qu’une force démoniaque ai été réveillée.
Le film joue énormément de son aspect documentaire, surtout au début, il établit un certain degré de réalisme qui est évidement le bienvenu, que ce soit de simples prises de vues reportage ou des extraits d’émissions télé nippones on sent les efforts fournis pour nous immerger avec simplicité et efficacité. Les morceaux sont souvent entrecoupés de sous-textes explicatifs pour ne jamais nous faire perdre le fil de l’intrigue, il arrive même à sous-entendre de temps à autre un vrai climat inquiétant, notamment accompagnés d’une légère bande musicale (rappelant d'ailleurs un des thèmes de The Thing composé par Ennio Morricone) qui participe grandement à l’ambiance. Même si personnellement je trouve que ce genre d’artifice fait qu’on sort déjà un ou deux orteils du pur found footage, enfin on peut logiquement croire (et c’est d’ailleurs évident dès le début du film) qu’une équipe de journalistes d’investigation ai réalisée leur propre montage pour rendre un contenu télévisuel, mais ça ne change pas le côté factice qui parasite involontairement la tension de certaines scènes. Enfin ça n’est en rien foncièrement préjudiciable mais un found footage a ses règles et il faut savoir les respecter, disons que Shiraishi ai sans doute eu pour ambition de mêler ce registre précis à la tradition des Yurei Eiga, malin mais la recette montera tout de même ses limites au fil du long métrage.
L’histoire quant à elle est vraiment très prenante, on a plaisir à voir l’enquête évoluer petit à petit, à recoller les pièces du puzzle, tout est très bien dosé et il est limite impossible de décrocher de son écran durant la première demi heure, l’aspect fragmentaire fonctionne au départ faisant la force du format et provocant ce sentiment totalement immersif en instaurant d’excellentes bases. Les acteurs sont investis et ne tombent nullement dans le piège de la caricature (à la limite peut être le médium fou mais le rôle veut ça aussi), ça sonne plutôt naturel en adéquation avec cette mise en scène atypique, le personnage de Kobayashi est d’ailleurs convaincant et nous le suivons avidement dans ses recherches. Reste cependant, comme toujours, quelques exagérations pratiques comme le fait de garder une caméra en main alors qu’un événement terrible se produit, ce qui fait que ça manque parfois de bon sens (surtout lors d’une des dernières séquences), mais il faut avouer qu’on est habitué à ce genre de détail presque inévitable du concept found footage.
Ce qui m’a vraiment beaucoup plu dans cette enquête c’est l’aspect mystique de cette légende japonaise du démon Kagutaba, des coutumes ancestrales, visiter ce petit village traditionnel isolé dans la campagne, les temples, les vieux manuscrits, ce qui devait partir d’un semblant de scénario plus ou moins confiné se mute en une forme très développée tout à fait fascinante. Seulement là où le bas blesse c’est que je pense que l’ambition de Shiraishi ai été trop grande pour compiler autant d’informations, explications et résolutions, le projet en devient trop boursoufflé et on y perd en simplicité, le reportage devient inéluctablement un film à part entière tourné caméra à l’épaule, on assimile l’écriture et le réalisme s’essouffle. De plus il finit par trop en montrer et semble ne pas réussir à se terminer, on ne laisse pas de place au mystère ou à une interprétation, on achève entièrement le puzzle et personnellement j’aurais adoré me retrouver avec une pièce manquante qu’il aurait fallut que je cherche une fois le générique acté, c’est dommage.
Noroi demeure tout de même à n’en pas douter un film d’horreur tout à fait réussi pour ce qui est de nous faire ressentir une angoisse perturbante, ce savoir faire nippon régale dans l’atmosphère qu’il distille sans ces subterfuges typiquement hollywoodiens qui ont tué le genre found footage. J’avoue qu'il m’a procuré un plaisir indéniable pour me replonger (enfin !) dans une véritable œuvre qui propose quelque chose de concret au niveau du sentiment de peur, de la VRAIE peur, celle qui vient nous cueillir furtivement au milieu de la nuit, tout ce dont j’avais besoin pour me remonter le moral après diverses daubes visionné dernièrement.
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le 19 août 2015
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