Les ornières de la ville
En compétition au dernier Festival de Cannes, Nostalgia a mis en lumière Mario Martone, un réalisateur italien peu connu en dehors de son pays, mais qui aligne néanmoins les longs métrages depuis...
le 5 janv. 2023
16 j'aime
Après une longue absence, Felice Lasco (Pierfrancesco Favino) revient dans sa ville natale de Naples, dans le quartier Sanità, où vit encore sa mère. Il a quitté Le Caire, où il a fait fortune et vit avec son épouse médecin, Arlette (Sofia Essaïdi) pour voir sa mère qu’il n’a pas revue depuis 40 ans. Lorsqu’il arrive, il s’attend à la trouver dans leur appartement de famille mais elle vit désormais dans un tout petit appartement, à la limite du taudis, au rez-de-chaussée de l’immeuble. Il s’occupe de la reloger dans un appartement plus agréable jusqu’à son décès. On pense alors que Felice (Feli’) va retourner au Caire mais, pris pas ses souvenirs, il veut retrouver son ami d’enfance, Oreste, avec lequel il partage un lourd secret.
Mais Oreste est devenu le chef mafieux du quartier et, malgré toutes les mises en garde qui lui sont faites, en particulier par Don Luigi, (Francesco Di Leva), le prêtre engagé qui lutte pour permettre aux jeunes du quartier de s’affranchir de l’emprise de la mafia, il s’entête jusqu’à ce qu’il rencontre Oreste, devenu « il Malommo » (Tomaso Ragno), un homme que tout le monde craint.
L’entrevue a lieu et on pense qu’Oreste et Feli’ ont fait la paix mais c’est mal connaître Oreste, tellement englué dans le mal, qu’il ne peut pardonner…
Mon opinion
Ce film présente Naples comme aucun touriste ne la verra jamais, avec ses ruelles populaires, ses immeubles délabrés, ses ordures entassées dans les recoins incessamment déchirée par les pétarades des vélomoteurs et des voitures, une sorte de labyrinthe impensable où la police ne met pas les pieds, préférant surveiller les courageuses harangues du génial prêtre de la paroisse contre la mafia. Malgré cette laideur de la ville, on se prend à l’aimer, ou du moins à aimer sa population, sa cordialité, sa joie de vivre, sa volonté de s’en sortir, malgré la peur qui rode en permanence sur ceux qui voudraient relever la tête. Formidable peinture d’un monde dont on sait qu’il existe mais que l’on ignore. De très belles scènes, comme le moment émouvant où Feli’ prend dans ses bras sa mère quasi mourante pour lui donner son bain, magnifiques images de cette jeunesse oubliant tout pour danser, en toute fraternité, sur la musique arabe apportée par Féli’ d’Egypte, scènes d’amitié et de complicité entre Feli’ (Emanuele Palumbo) et Oreste (Artem) à 15 ans quand ils vont se baigner nus dans la mer. On espère que leur amitié aura survécu à ces 40 ans de séparation, jusqu’à la fin brutale à laquelle, malgré tout, on s’attendait. Curieusement, el malgré cette fin tragique, le film nous laisse une impression positive car il est marqué par les forces de vie dont on espère qu’elles triompheront un jour de celles de la mort. On en arrive même à plaindre le coupable, dont on comprend qu’ayant construit sa vie sur le mensonge et la souffrance, il est victime de ce qu’il a bâti.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films avec les meilleurs méchants, Les meilleurs films sur la religion, Les meilleurs films se déroulant en Italie, Les meilleurs films italiens et Les meilleurs films de 2023
Créée
le 6 févr. 2023
Critique lue 62 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Nostalgia
En compétition au dernier Festival de Cannes, Nostalgia a mis en lumière Mario Martone, un réalisateur italien peu connu en dehors de son pays, mais qui aligne néanmoins les longs métrages depuis...
le 5 janv. 2023
16 j'aime
Dans nostalgia nous suivons Felice, de retour à Naples après 40 d'expatriation fructueuse, pour s'occuper des derniers jours de sa mère. On y apprend que Felice souhaite également retrouver son ami...
Par
le 16 janv. 2023
6 j'aime
Charles Aznavour avec "Emmenez-moi", nous chantait que la misère était moins pénible au soleil.Le quartier de Sanità à Naples, pourtant loin de la mer et loin des rêves, est effectivement là pour...
Par
le 31 mai 2023
4 j'aime
Du même critique
Sibyl (Virginie Efira), psychothérapeute, décide d’arrêter l’exercice de sa profession pour revenir à sa première passion : l'écriture. Néanmoins, alors qu’elle a annoncé à ses patients qu’elle...
Par
le 26 mai 2019
11 j'aime
6
Les critiques des revues ou des sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir...
Par
le 11 nov. 2023
9 j'aime
L'action se déroule dans le Montana, au début du XXème siècle. Le film est fidèle au livre, en grande partie autobiographique, de Norman Maclean : nés dans une famille presbytérienne du Montana, deux...
Par
le 19 déc. 2014
8 j'aime