La science ou la famille ? Ethan, un brillant étudiant, choisit de privilégier la première, obsédé à l'idée de réussir une expérience visant à créer une nouvelle forme d'électricité sans fil. Mal lui en a pris car, en plus de l'apparent échec de son invention, ses parents meurent lors d'un accident de voiture qu'ils auraient pu éviter si Ethan avait répondu un peu plus présent à ses obligations familiales.
Trois mois plus tard, le jeune homme a mis un terme à son cursus scientifique et vit d'un petit boulot tout en s'occupant de ses deux cadets dans la demeure de ses parents. Un jour, il décide de rallumer sa création et d'étranges phénomènes en lien avec elle se mettent à se produire à l'intérieur de la maison. Les enfants en sont sûr, grâce à l'invention de leur frère, ils peuvent à nouveau communiquer avec leurs défunts parents. Mais s'agit-il bien de ces derniers ?...
Dans la famille remake-sans but-mais-avec-plus-d'argent, voici "Our house", nouvelle version du film à tout petit budget de 2010, "Ghost from the machine" (déjà lui-même vaguement inspiré d'un série B de 1993). Reprenant à l'identique l'intrigue de l'original mais avec une approche aussi aseptisée que consensuelle, ce remake signé Anthony Scott Burns est en réalité, pendant les trois quarts de son temps, un faux film d'épouvante dans le sens où l'élément surnaturel n'a pas pour vocation primaire d'effrayer. Dans la lignée de "L'Expérience Interdite", "Fréquence Interdite" et d'autres trucs interdits, il n'est qu'un accessoire métaphorico-fantastique à l'épreuve dramatique que traversent les personnages. Ici, alors que le poids de la culpabilité d'avoir privilégier sa machine à ses parents le ronge, Ethan se voit offrir une seconde chance de communiquer avec papa et maman par l'intermédiaire de son invention mais, évidemment, rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît car cela le pousse lui, sa soeur et son frère à se rattacher à un passé qui n'est plus, il faudra l'intervention de quelque chose de bien plus sombre pour que tous s'unissent dans le but de définitivement tourner la page. Ceux qui pensaient voir un film de maison hantée avec des jumpscares à gogo risquent donc de vraiment rester sur leur faim vu que "Our House" se concentre la majeure partie de sa durée sur l'épreuve de deuil traversée par la petite fratrie où à peine quelques apparitions surnaturelles furtives viennent nous rappeler le registre fantastique de cette affaire.
Cet axe dramatique ne va hélas pas fonctionner pour la simple et bonne raison que l'on connaît déjà cette histoire par coeur. Dès le départ, "Our House" fait dans le classicisme scénaristique, et même formel, le plus total en donnant le sentiment d'être en pilote automatique pour ne pas déborder de tous les passages obligés qu'impliquent ce genre d'intrigue (il y a même la petite fille qui parle avec un "ami imaginaire"). Pire, le film paraît être conscient de la banalité de son plus gros rebondissement -la question de l'identité de ces mystérieux interlocuteurs venus de l'au-delà- et ne s'embarrasse même pas à entretenir le mystère sur ce point en dévoilant des nuées tentaculaires de fumée noire à chacune de leurs manifestations (il faut reconnaître que c'est rarement bon signe, un nuage de barbe à papa rose aurait moins aiguisé nos soupçons). Même lorsque le film propose enfin un peu d'action dans sa dernière partie, il ne parvient pas à nous réveiller de l'état de somnolence dans lequel il nous a plongé : toute la finalité de cette histoire est prévisible à des années-lumière à la ronde et régurgirte tout simplement, à quelques variations près, un sempiternel climax de film d'épouvante lambda comme on en croise depuis des années dans une flopée de DTV à esprits maléfiques.
À l'image de ses silhouettes noires vaporeuses qui auraient pu lui donner une marque de fabrique minimale si les CGI ne tenaient pas de la foirade monumentale, "Our House" est un film d'une fainéantise impressionnante, comme si tous les participants se savaient parfaitement en train d'effectuer un job alimentaire, incapables de donner le meilleur d'eux-mêmes devant la prévision d'un résultat qui ne peut susciter le moindre soupçon de motivation. Et, à moins que vous soyez encore un petit être innocent devant son tout premier film de ce type, l'insipidité de "Our House" ne risque pas d'en créer la moindre once chez vous non plus...