Tout commence avec un drame, celui qui fait terriblement écho à ce que nous vivons actuellement, un sujet brûlant d’actualité, dont on parle quotidiennement, celui de la crise migratoire, de tous ces gens qui fuient leur pays, pour différentes raisons, un sujet fort donc, presque polémique, qui divise depuis toujours et encore maintenant. Devoir partir, tout laisser derrière soi, une vie bien établie, des métiers importants, une famille même, parce qu’un régime oppressif vous y pousse, parce que vous survivez à peine dans un quotidien fait de restrictions toujours plus violentes, toujours plus inhumaines, injustes, vos droits n’existent plus, sans cesse repoussés, le danger devient omniprésent et ne vous laisse plus d’autre choix que de fuir, pour espérer mieux ailleurs. Mais le parcours est loin d’être une sinécure, on découvre un trafic plus terrible encore, celui des passeurs, loin d’aider, ils profitent de la situation, de la détresse de leurs compatriotes, ils amassent les économies de toute une vie bien souvent et se préoccupent finalement très peu de ce qui peut se passer sur le chemin, peu importe si les morts sont nombreuses. Un cadre extrêmement réaliste donc, qui va laisser place à un film de survie terriblement poignant, parce que ça pourrait être le destin de beaucoup, cette volonté de se battre, de lutter, contre un système, autant que pour vivre, de ne jamais baisser les bras, de surmonter obstacles, après obstacles, sans jamais renoncer, parce que vous avez le droit de vivre, parce que personne ne devrait être forcer à quitter tout ce qu’il a toujours connu, parce que d’autres ont décidé d’instaurer leur pouvoir. La réalisation d’Albert Pintó est saisissante, malgré un budget somme toute assez peu élevé, il parvient à nous immerger dans un environnement terriblement oppressant, avec un réalisme incroyablement percutant, il touche du doigt une situation largement tabou, de laquelle on ne pourra détourner les yeux cette fois. Visuellement, c’est un huis clos d’une efficacité redoutable dans ce container, mais en plus, au milieu de nulle part, un environnement hostile s’il en est, qui ne laisse aucune issue possible, pas d’effets spéciaux, simplement la réalité brutale de ce parcours inextricable, dont on ne peut imaginer la difficulté. En ce qui concerne le scénario, il est parfaitement écrit, de par ses sujets avant tout, qui dénoncent la situation que peuvent vivre beaucoup, de ces personnes dont on ne veut pas chez nous, sans connaître ce qu’ils ont pu traverser, ce qu’ils ont dû vivre, pour prendre la décision de fuir. Alors, c’est un huis clos d’une intensité remarquable auquel nous serons confrontés, qui ne nous laissera pas une seconde de répit, une véritable leçon de survie, de volonté de vivre plus que tout, malgré les difficultés qui paraissent insurmontables, avoir la force de ne pas baisser les bras, de lutter, même si tout semble perdu, un récit émotionnellement éprouvant, mais riche de messages. Quant au casting, il est incroyable, c’est évidemment Anna Castillo qui tient l’affiche et qui le fait avec un talent magistral, quasiment seule tout le long du métrage, elle a su captiver l’attention.
En bref : Un huis clos d’une efficacité redoutable, au rythme saisissant, il nous immerge dans un film de survie incroyable de réalisme, avec en son cœur la crise migratoire en toile de fond, une situation qui résonne terriblement fort avec notre actualité, qui pose de réelles réflexions, qui nous pousse à remettre en question tout ce que l’on pouvait croire et qui remet un peu d’humanité dans ce sujet qui prête tant à polémiques !
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