A la fois poète et propriétaire d'un ranch spécialisé dans les taureaux de combat, un homme voit sa femme tomber dans les bras d'un autre. Plutôt que de s'y opposer, il va tenter de favoriser leur union. Car comme il dit lui-même, si il s'y oppose, elle va soit partir, soit être malheureuse, et comme il aime sa femme, il veut son bonheur. Mais on lui autorisant ceci, il devient à la fois voyeur et névrosé, voulant décider de chaque fait et geste de son épouse à sa place. Cette histoire, relativement simple, Reygadas choisi de nous la raconter en trois heures, et de la situer dans la sauvage pampa mexicaine, les confrontations régulières de taureaux sauvages augmentant encore la dramaturgie. Trois heures ça peut sembler long mais aucun plan n'est de trop et le film s'écoule au rythme de la vie, magnifié par la beauté des images et cette mise en scène si particulière qui trouve ici une évolution parfaite, semblant plus libre, permettant au cinéaste de se renouveler tout en conservant les signes caractéristiques de son oeuvre. Le plus troublant dans tout cela étant que, bien que le film ne soit pas autobiographique, les rôles principaux y sont tenus par le cinéaste lui-même, son épouse et leurs propres enfants. Bon, c'est clairement l'un des films les plus beaux et les plus singuliers de l'année, je suis juste dérangé, une fois de plus, par le traitement réservé aux animaux et je n'arrive pas à trouver des articles ou interviews me permettant de me rassurer. Il y a deux scènes qui posent problème. La première concerne un taureau qui attaque et met à mort une mule, la seconde est la scène - magnifique - finale où un taureau se tue en tombant d'une falaise lors d'un combat. Si cette dernière peut se concevoir comme relevant d'un trucage numérique, je l'espère, la première, de part son réalisme, est inquiétante. 3 possibilités : c'est truqué numériquement et alors c'est super bien fait, et franchement j'ai du mal à penser que ce soit ça. C'est fait sciemment, et c'est honteux. C'est un accident malheureux arrivé pendant le tournage, que le cinéaste a conservé et décidé d'intégrer au film. C'est dans le domaine du possible car la mise en scène à ce moment-là devient hyper chaotique comme si chacun, acteurs, metteur en scène, techniciens, étaient surpris de l'attaque du taureau. En même temps cette scène est un symbole fort dans le film, donc, sachant de plus que Reygadas aime parfois créer le choc, j'espère vraiment qu'il n'a pas mis à mort sciemment deux animaux pour réaliser son film car il perdrait sa valeur. Si quelqu'un à des infos sur ces deux points, je suis vraiment preneur...