Comment ne pas te dire adieu... (ATTENTION : SPOILERS)

NUIT DE RÊVE (Orfeos Traum / Orpheus’ Song) est un film allemand du réalisateur et scénariste queer Tor IBEN.
Réalisé en Septembre 2018 sur l’île de Corfou en Grèce (ainsi qu’à Berlin), le film nous raconte l’histoire de deux vingtenaires, Philipp Mankowski (Sascha WEINGARTEN) & Enis Beckmann (Julien LICKERT).
Férus de Culturisme, les deux amis passent une grande partie de leur temps à soulever de la fonte ensemble. Enis servant la plupart du temps de coach sportif à Philipp. L’un est étudiant, l’autre en recherche d’emploi dans le domaine du fitness (il a aussi envie d’ouvrir un magasin de divers produits pour les muscles/compléments alimentaires vitaminés pour sportifs, auquel il a envie d’associer Enis en tant que vendeur)...

Si Enis est dans une relation hétérosexuelle stable avec la mannequin Kristina, Philipp préfère papillonner, draguant aussi bien garçons que filles. Philipp est clairement attiré par Enis, bien que ce dernier ne s’en aperçoive pas (ou fasse mine de ne pas s’en apercevoir, face aux allusions lourdes de sens de Philipp…). Tout le temps son portable vissé à la main, il participe à un jeu/concours hautement intellectuel (Quelle est la capitale de la Grèce : Berlin, Londres, ou Athènes…), auquel il remporte le 1ier Prix : à savoir une semaine pour deux en hébergement en hôtel 4**** sur l’île paradisiaque de Corfou…
Et il décide d’embarquer avec lui son pote Enis, mis devant le fait accompli. Et bien que refusant mollement de prime abord la proposition, il finit par s’envoler aux côtés de Philipp.

Dès leur arrivée, les deux jeunes hommes prennent un bain de mer (filmé façon hommage au réalisateur Marco Berger, célèbre pour ses scènes homoérotiques de beaux garçons athlétiques), avant de filer à leur hôtel.

Une fois enregistrés, ils décident d’aller explorer les environs et finissent dans une salle de sport locale (!) où ils s’adonnent à leur grande passion première, soulever de la fonte ! Puis ils retournent à l’hôtel, pour prendre un bain de soleil aux abords de la piscine dudit hôtel, où Philipp se laisse voguer sur une bouée de flamant rose du plus bel effet tandis qu’Enis lui fait le récit (façon guide du routard) de l’histoire de Jason et les Argonautes.
Une visite de l’Achilléion de Corfou plus tard, c’est leur première nuit à l’hôtel. Première sortie nocturne au bar… Afin de susciter l’intérêt (ou la jalousie) d’Enis, Philipp dragouille une touriste allemande, qui va lui valoir quelques problèmes avec le mari… [Là où on rencontre le réceptionniste d’hôtel le plus antipathique de la Terre]…

Le lendemain, tandis qu’Enis fait le plan des visites possibles de la journée, Philipp tente de jouer à ‘chat’ avec lui, dans une version ‘touche-pipi’ à peine flippante, repoussé cette fois énergiquement par Enis !
Afin de se remettre les idées en place, nos deux idiots, pardon, héros, partent en goguette explorer l’île, direction le village désert de Paleokastritsa. Où surpris par la tombée de la nuit, ils décident de dormir à la belle étoile dans une des bâtisses abandonnées. [Là où on se rend compte aussi que les oiseaux grecs font de drôles de bruits]…

Puis au petit matin, frustré par son ‘Morning Glory’ dont il se doute qu’il a peu de chance d’être satisfait (!), Philipp réveille brutalement Enis, lui sommant de se lever afin de repartir… Ils poursuivent donc leur virée à travers les champs d’oliviers, jusqu’à se perdre totalement, le GPS étant en carafe et Enis ne sachant pas lire correctement une carte géographique (pourtant, alors qu’ils se tiennent sur un petit promontoire à contempler le paysage, on voit clairement des maisons aux alentours… Bref !). Enis, vexé par la réflexion de Philipp sur le fait qu’il ne sache pas lire une carte, la déchire… Une petite bagarre s’en suit, où on rate de peu le premier baiser offert par Philipp à un Enis étendu sur le dos, fermement retenu par un Philipp visiblement tout émoustillé, mais interrompu par un grand gaillard dégingandé jouant du ukulélé (!). L’énigmatique local se prénomme Herkules (et non pas Héraclès…) et leur propose de le suivre dans la caverne où il a élu domicile. Il leur raconte l’histoire d’une nymphe aux grenades enchantées et maudites, leur offre à boire de l’alcool fort (du Kumquat), où les trois se sifflent une bouteille, et finissent par s’endormir en se caressant voluptueusement chacun dans son coin, mais Philipp collé à Enis…
Pendant leur rêverie apparaît un Orphée du pauvre, jouant de la flûte… Ȧ noter que la position des doigts sur la flûte ne matche absolument pas avec la mélodie entendue ! [Et que quand on est hyper poilu, mieux vaut porter un pagne bien ajusté] !

Au petit matin, ils se réveillent en sous-vêtements [Hé ?] mais l’Hercule local a disparu… en emportant avec lui tout leur argent… Chère la bouteille de Kumquat !

Ne se formalisant pas, Enis et Philipp se remettent en route, tombent en chemin sur une cascade où ils vont enfin pouvoir faire un brin de toilette. [D’ailleurs à ce propos, on voit là que Philipp est plus porté sur la douche qu’Enis car il se douche deux fois à la salle de sport et une fois sous cette fameuse cascade, contre… 0 pour Enis] !
Qui s’exclame que l’eau de la cascade est trop froide (sans char ?!) En même temps, ils sont tout nus, donc…

Et les voilà cheminant à nouveau, s’arrêtant dans un pré ombragé car Philipp a trop envie de goûter à une fameuse grenade enchantée et maudite (Logique !). Et au passage de se coller plein le torse du jus dégoulinant du fruit (ça valait bien la peine de se laver – mais pas de souci, c’est un film et à la scène suivante, il a de nouveau le torse tout propre !). Enis, pas fou, préfère attendre de voir les effets du fruit sur son compère avant de le déguster à son tour, le tout généreusement arrosé d’une nouvelle bouteille de Kumquat… qui ne va pas faire long feu !

Ivres, les deux amis descendent un petit sentier côtier en chantant une ineptie de leur composition alcoolisée, et enfin trouvent le chemin de la plage… [C’est sûr que sur une petite île, c’est difficile de trouver la plage et de la longer pour retourner à la civilisation… Bref-bis !]…
Là, ils se redéshabillent, mais avant de pouvoir prendre un bain de mer, Philipp décide d’offrir Enis à Poséidon (‘je t’ai amené un amant Allemand’) mais finalement non, préfère le garder pour lui en l’allongeant de force sur la plage et se couchant sur lui. Enis proteste à nouveau mollement (en prononçant ‘Dégage’ sans conviction) et là, Philipp l’embrasse à pleine bouche… S’ensuit une longue scène lascive des deux garçons s’embrassant tout en roulant sur eux-mêmes sur la plage, en avalant au passage une bonne grosse dose de sable…
[Petite note : déjà les baisers « sablés », c’est pas très ragoûtant, mais les voir décidés à faire l’amour sur le sable mouillé… A déconseiller fortement, qui plus est en cas de ‘butt-sex’ ;-)]…

Et c’est déjà le petit-matin du dernier jour. Et on va avoir LE twist : Enis a mauvaise conscience et regrette de s’être laissé aller à faire du sexe avec Philipp. Auquel il balance une bouteille entière emplie d’eau de mer à la tête en guise de réveil ! [petite vengeance suite aux trois réveils matinaux tout en douceur offerts par Philipp ?!]…
Les deux retournent à leur hôtel. Là, l’atmosphère est pesante entre les deux. Enis lit à un bout du grand lit pour deux tandis que Philipp jacasse, histoire d’alléger l’air. L’effet escompté n’a pas lieu : Enis décide de quitter l’hôtel pour se rendre directement à l’aéroport. Et à bord de l’avion, il change de place afin de s’éloigner de Philipp.

A leur arrivée à Berlin, ils font également bus séparés. Là, Enis commence à ignorer les appels de Philipp, et se désabonne de leur salle de sport. Il prétexte d’être trop accaparé par ses études, et donc n’a plus de temps pour son ancien comparse. Qui, désespéré, décide de répondre à une annonce pour devenir entraîneur de fitness à l’hôtel Dionysos… en Grèce ! Avant de partir, il donne rendez-vous à Enis dans un parc. L’annonce de son départ bouleverse tant Enis, qu’il laisse enfin libre court à ses sentiments amoureux pour Philipp.
Lequel lui tend un billet d’avion, accepté par Enis, qui rompt alors avec sa compagne pour s’envoler avec son ‘Hombré’ à nouveau en Grèce… FIN.

En conclusion : Le film est court, 72 minutes, et son rythme est volontairement lent, afin de coller à l’évolution des sentiments des deux protagonistes, de la camaraderie à l’amour ; et de l’hétérosexualité à l’homosexualité... Tout cela ne se fait pas au rythme d’un cheval au galop, mais plutôt tout en langueur et lenteur…

Les paysages de l’île de Corfou sont magnifiques, tout n’est que beauté et volupté. Quant aux deux acteurs allemands, force est de reconnaître qu’ils sont beaux-gosses, bronzés aux corps musclés. Et qu’ils jouent très bien la comédie [ce qui, hélas, est loin d’être le cas des seconds rôles]…
Chacun se forgera son avis, on aime ou pas, mais ce film est loin d’être inintéressant. Je lui donne un 4,5/5*.