J’avais bien aimé le film quand je l’ai découvert il y a quelques années. Aujourd’hui, après les déclarations du président de la république et les débats qui ont suivi, je suis beaucoup plus réservé, car le film me paraît très partisan. Certes, l’évènement est dramatique et regrettable ; de là à dire qu’il est inexcusable ou -mieux encore- d’exiger que la France demande pardon, il y a loin. Il faut rappeler que la France était en guère avec l’Algérie et que le FLN tuait des algériens en région parisienne toutes les nuits (refus de payer l’impôt révolutionnaire, refus d’adhérer, non respect de la loi coranique, etc.) ; 131 assassinats pour les seuls mois de septembre et octobre 1961. Cette situation avait conduit le préfet Papon à décréter un couvre-feu protecteur pour les algériens. Le FLN a violé ce couvre-feu en organisant la manifestation, de fait totalement illégale. L’effet de surprise (la manifestation n’avait évidemment pas été annoncée) et un effectif policier insuffisant, expliquent la brutalité de l’action policière pour empêcher les manifestants de traverser le pont de Neuilly. Voir l’interview de Jean- Paul Brunet (*) dans le Figaro du 17/10/2021 : "17 octobre 1961 : les causes du drame"
(*) Normalien, agrégé, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris-IV-Sorbonne et ancien directeur du département d’histoire de la Rue d’Ulm, auteur des travaux les plus rigoureux sur la manifestation
interdite du 17 octobre 1961 et sa répression sanglante.