comment changer pornographiquement l'histoire du cinéma ?

filmanifeste trierien, digne d'un God.ard des grands soirs -mais en plus marrant, en plus pop-, cette oeuvre abasourdissante est absolument simple, définitivement subtile et irréversiblement imprévisible car hétéroclite -telle la vie, fondamentalement comme l'esquisse de celle de Joe, femme aimant les hommes (et les émotions fortes).
déconstruisant la narrativité -l'évidant afin de mieux la saturer via le vif des plans cul.tes- par une ironie d'une stupéfiante pédagogie, Lars se seligmanise pour ainsi, en abyme, nous transmettre ses savoirs filmiques sur le sexe, l'amour, l'angoisse -et surtout- sur le plaisir.
ode onaniste à l'orgasme, ces images mettent en scène des fantasmes et leurs commentaires philosophiques -par métaphores croustillantes- gardant ainsi l'oscillation virtuose d'une danse bordant l'abîme, béance déliquescente.

chapitre 1 - initiation/adolescence - avec sa sexy complice B (femme épanouie, rareté chez Lars)...
chapitre 2 - amour/sentiments - rencontre et séduction de Jérôme (mec maniéré mais désinvolte)...
chapitre 3 - danger/organisation - sur la collision entre son messalinisme et les normes sociales...
chapitre 4 - folie/radicalisation - mort du père et haine de la mère, deuil, hantises, changements...
chapitre 5 - bonheur/polyphonie - avec la musique jouissive d'une composition complexe et incroyable...

c'est aussi l'art du cut, la détumescence après l'acmé, le mélange des textures et des styles, l'intensité qui nous maintient, la profondeur des noirs et la vivacité des paroles, de sorte que cette version, quoique censurée, reste une anthologie mythogène et jubilatoire.

Créée

le 3 janv. 2014

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Aurien Kea

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