Lars Von Trier est de ces rares réalisateurs qui emmène son propre univers dans chacun de ses films. Immense décadence dans un glauque fascinant. A l'instar de la méthode Malick, le Danois imprime sa marque par un talent singulier dans le travail de l'image. Grande maîtrise de la photographie et justesse impeccable dans l'alternance du rythme. Des tableaux d'un grand art, parfois proche du pictural. Avec une touche de musicalité qui apporte de la dimension à ces peintures. En cela l'ouverture de Nymphomaniac est fidèle à son auteur.
Une entrée fracassante dans un joli cadre de briques rouges où traîne la neige, fresque parfaitement brusquée par Rammstein. Le ton est proche de Melancholia, mais pour trop peu de temps. Si au lancement du projet Nymphomaniac, Lars Von Trier pensait faire un film pornographique, il n'en reste que la légèreté du récit.
Narration très construite qui illustre par chapitres la vie sexuelle de Joe. Le récit, laisse aussi peu de finesse que dans un film X. Scénario plus inspiré heureusement dans ses dialogues que sa structure et ce qu'il raconte. La partition permet aux acteurs de conjuguer leurs talents à l'ambiance atypique de Lars Von Trier.
Charlotte Gainsbourg joue sur la même corde que dans leur deux autres collaborations, belle meurtrie. Au risque tout de même que sa présence plus grande dans la seconde partie commence à apporter de la lassitude. Shia LaBeouf est saisissant, tout le casting de second plan est extrêmement généreux. Enfin, à nouveau un rôle intéressant pour Uma Thurman. Connie Nielsen et Christian Slater sont de parents convaincants. Stellan Skarsgård (Dr Selvig chez les Avengers et de mauvaise famille dans le Millénium de Fincher) est égal à lui même. Stacy Martin est d'une beauté troublante. Un regard très pénétrant que même Eva Green pourrait lui envier. Une telle présence que le second volume s'expose à moins d'attrait avec le vieillissement de Joe (et donc la passation avec Charlotte Gainsbourg).
Nymphomaniac porte très justement son titre. L'érotisme reste mesuré et pas trop imposant. Tout de même cru, le film ne s'inscrit pas vraiment dans le style porno. Montage filtrant peut-être nécessaire et bienvenu. Si à l'image c'est plutôt mesuré, il s'agit bien des chroniques sexuelles d'une nymphomane. Sujet trop imposant dans son traitement et non dans sa gêne. Lars Von Trier se révèle mélancolique de son Antichrist et surtout bien moins inspiré qu'avec le superbe Melancholia. Exception faite pour la toute dernière scène qui est l'apothéose des nombreuses métaphores.
Mise en parallèle de la collection d'amants avec l'addition des familles d'instruments dans un orchestre symphonique. Hommage philharmonique très chiadé. Pêche aux gros, musique, l'insecte nymphe nourrissent très richement le film de comparaisons. Certaines (trop) explicites d'autres plus subtiles. Parfois intéressant et par moment pataud. Mise en relation qui s'inscrit dans le travaille philosophique du sujet-titre. Pathologie pas si habilement abordée.
Chroniques sexuelles d'une fille d'aujourd'hui et d'hier où Stacy Martin tient toute la mesure. Trop construit, le récit basé sur l'analogie et la narration est un peu bancale mais pas rasoir.
adamkesher01
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le 7 janv. 2014

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Adam Kesher

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